Quant aux marchandises venant de Dijon et d’au delà, à destination du Valais ou de l’Italie, force leur sera de les faire passer par Vallorbe, alors même que le Mont-d’Or ne serait pas percé, car elles doivent prendre la voie la plus courte, le trajet de Paris-Milan :
Par Lons-le-Saunier-Genève est de | 859 | kilomètres. |
Par Pontarlier-Vallorbe | 836 | » |
Par Frasne-Vallorbe | 819 | » |
Cela fait de Paris à Milan une différence de 23 kilomètres en faveur de la voie actuelle de Pontarlier, et de 40 km. en faveur de la future ligne de Frasne-Vallorbe, comparée avec Lons-le-Saunier-Genève.
À ce sujet, M. René Pinon, dans un récent article intitulé « le Simplon et la Faucille[1] » fait observer que : « les marchandises ne choisiront pas leur itinéraire ; les chemins de fer le choisiront pour elles et l’établissent, — c’est une règle invariable entre compagnies de chemin de fer, — par la distance réelle la plus courte. Or la Faucille n’y peut prétendre en aucune manière. »
Ainsi, quoi qu’il arrive, le grand courant commercial entre Paris et Milan, comme le prévoyait déjà l’ingénieur Fraisse, il y a un demi-siècle, doit s’établir par la ligne de Jougne ; Vallorbe doit devenir la principale gare internationale de la région du Jura.
Dans ces conditions, nous pouvons être pleinement rassurés ; c’est en vain que l’on cherche à détourner de sa voie naturelle le trafic entre la France et l’Italie. Le passé nous est un garant de l’avenir : une fois le Simplon ouvert à l’exploitation[2], la correction du Frasne ou du La Joux-Vallorbe[3] s’imposera infailliblement. Il en sera de l’opposition au percement du Mont-d’Or comme de l’opposition à la ligne de Jougne, il y a cinquante ans, comme de l’opposition au Simplon ensuite. Nous avons pleine confiance dans les autorités fédérales : elles veilleront à ce que leurs décisions ne deviennent pas lettre morte. Nous pouvons, du reste, être sans crainte à cet égard, car, dans deux notes verbales, le Conseil fédéral a affirmé son intention bien arrêtée de ne point aborder l’examen d’au-
- ↑ Voir Questions diplomatiques et coloniales. Revue de politique extérieure, numéro du 1er août 1905, p. 144.
- ↑ L’ouverture de la ligne de Brigue à Domo-d’Ossola va créer un courant intense de voyageurs et d’échanges internationaux entre la France, la Suisse romande et l’Italie. Le Conseil communal de Milan, qui attache un grand prix à être mis en relations directes avec Paris par Lausanne, a, par décision du 16 octobre 1905, donné le nom de notre ville à une nouvelle artère située dans le voisinage du Corso du Simplon. Pour répondre à cet acte de courtoisie, la municipalité de Lausanne, par délibération du 31 octobre, a baptisé du nom de « Place de Milan, » la prairie historique de Montriond, où fut proclamée, en 1036, « la Trêve-Dieu. » Ce terrain sera prochainement aménagé pour servir de place de jeux, d’expositions, de fêtes et à autres buts analogues.
D’autre part, le nom d’ « Avenue de France » a été donné à l’Avenue des Echelettes, qui deviendra une artère importante et qui se dirige précisément du côté du Mont-d’Or et de la France. Ces décisions ont été dictées par le désir de voir s’établir des relations de plus en plus cordiales avec nos voisins de l’est et de l’ouest.
- ↑ Le traité passé entre la Cie du J.-S. et le P.-L.-M., et approuvé par les Chambres fédérales, stipule que ce dernier s’engage « à construire et à exploiter une ligne à double voie passant sous le Mont-d’Or, et raccordant sans rebroussement la gare de Frasne, ou une autre gare du Jura, telle que La Joux, à la gare de Vallorbe. » La substitution de La Joux ou d’Andelot, comme point au lieu de Frasne, ne remet donc pas tout en question, contrairement à ce qu’on a prétendu à Genève.