Page:Collectif - Le livre rose - 1.pdf/359

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rideau qui cachait Ernest ; et je vous réponds que nous n’avons pas perdu une minute. »

Emma souleva ses paupières faibles et pesantes, et rencontra le regard d’Ernest. Elle voulut balbutier un remercîment, mais la parole expira sur ses lèvres.

« — Ne parlez pas, il vous est défendu de prononcer une seule parole, dit le docteur, il y va de votre vie ; et puis il vous faut une garde habile : je vais vous faire une ordonnance. » Et il prit la lumière pour s’approcher d’une table. La femme de chambre était descendue ; Ernest était demeuré près du lit, et ne pensait pas à s’éloigner. Une pitié profonde et pourtant remplie de douceur s’était emparée de lui, à la vue de cette pauvre jeune femme, luttant ainsi contre une mort qui semblait inévitable : sa figure angélique couverte d’une pâleur qui en relevait encore la délicatesse et la perfection, cette obscurité qui les environnait, ce presque tête-à-tête, tout cela produisit sur Ernest une impression vive et mélancolique, qui devait graver l’image d’Emma dans son cœur, d’une manière ineffaçable. La main d’Emma, pâle et amaigrie, était étendue sur le lit, elle la souleva lentement.

« — Vous désirez quelque chose, dit Ernest en se baissant et prenant dans les siennes cette main, si délicate qu’il crut tenir celle d’un enfant. Oh ! me parlez pas, ne parlez pas…