Page:Collectif - Les textes de la politique française en matière ecclésiastique, 1909.djvu/52

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La grandeur de l’injure infligée au Siège apostolique par l’abrogation unilatérale du Concordat s’augmente encore — et d’une façon singulière — quand on se prend à considérer la forme dans laquelle l’État a effectué cette abrogation.

C’est un principe, admis sans discussion dans le droit des gens et universellement observé par toutes les nations, que la rupture d’un traité doit être préventivement et régulièrement notifiée, d’une manière claire et explicite, à l’autre partie contractante par celle qui a l’intention de dénoncer le traité.

Or, non seulement aucune dénonciation de ce genre n’a été faite au Saint-Siège, mais aucune indication quelconque ne lui a même été donnée à ce sujet. En sorte que le Gouvernement français n’a pas hésité à manquer vis-à-vis du Siège apostolique aux égards ordinaires et à la courtoisie dont on ne se dispense pas même vis-à-vis des États les plus petits.

Et ses mandataires, qui étaient pourtant les représentants d’une nation catholique, n’ont pas craint de traiter avec mépris la dignité et le pouvoir du pontife, chef suprême de l’Église, alors qu’ils auraient dû avoir pour cette puissance un respect supérieur à celui qu’inspirent toutes les autres puissances politiques, et d’autant plus grand que, d’une part, cette puissance a trait au bien éternel des âmes et que, sans limites, de l’autre, elle s’étend partout.