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Page:Collectif - Les textes de la politique française en matière ecclésiastique, 1909.djvu/78

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pulsion de nos presbytères, de nos évêchés, de nos églises, manu militari, au risque de donner à notre attitude l’apparence de la révolte et d’amener inévitablement nos fidèles, au moins les plus vaillants, à l’insurrection ouverte contre la force brutale, à la bataille et à l’effusion du sang ?

Ou bien, enfin, décidera-t-il dans sa sagesse que, injustement condamnés, par une loi tyrannique et odieuse, à une situation incompatible avec nos droits de citoyens libres et de chrétiens, nous devons, afin de sauvegarder plus sûrement la dignité de notre foi, le caractère surnaturel de notre mission et l’honneur intégral des persécutés, suivre à la lettre le conseil que Jésus-Christ donna, un jour, à ses apôtres ? Nous invitera-t-il, après avoir subi le vol du manteau que les siècles croyants avaient placé sur les épaules de l’Église de France, à abandonner même la tunique de notre pauvreté actuelle ? Faudra-t-il prendre la croix toute nue avec l’unique indépendance de la parole et, à tous risques, marcher à la conquête de la liberté de conscience ? Nous placerons-nous résolument sur le terrain vague, commun à tous les citoyens, pour demander au seul droit de réunion la possibilité de convoquer nos fidèles à des assemblées privées et au culte familial ? Devons-nous, dans un dépouillement total qui ne serait point sans gloire, et peut-être dans l’isolement et l’abandon, coopérer par le sacrifice et par la souffrance à l’inévitable réaction