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Page:Collectif - Miss Edith Cavell. Eugène Jacquet, 1916.pdf/23

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et la mort de miss Edith Cavell. Mme Séverine, avec toute l’ardeur de son cœur enthousiaste, a exalté à son tour le magnifique sacrifice d’une femme.

À ces nobles paroles, inspirées par le plus noble exemple, je ne saurais rien ajouter, si ce n’est peut-être dire les raisons pour lesquelles la France, son peuple, son gouvernement, devait à cette vierge héroïque, fille de l’Angleterre, de symboliques et solennelles funérailles.

Au milieu des ruines et des deuils qui dépassent les plus tragiques imaginations, par quel miracle une victime unique peut-elle concentrer à ce point la pitié et l’amour de toutes les nations ?

L’Allemagne a déchaîné la mort sur le monde. De la mer du Nord jusqu’aux Vosges, de la Baltique jusqu’aux Balkans, elle a promené partout ses monstrueuses machines à tuer et ses procédés scientifiques de massacre. Elle a rempli nos yeux de visions d’épouvante ; elle a établi le crime à l’état permanent et universel. Par son œuvre, des millions de soldats gisent à jamais, moissonnés dans leur jeunesse, et chaque grande ville voit défiler dans ses rues tout un peuple de mutilés douloureux et fiers. Il semble que la compassion ne puisse plus distinguer entre tant de victimes. Qu’est-ce, en effet, qu’un meurtre de plus, quand les meurtres sont innombrables, quand des nations entières, hommes, femmes, enfants, sont piétinées, déchirées, vouées à l’extermination ? Et pourtant au simple récit de l’exécution de miss Cavell, l’univers civilisé a tressailli d’indignation et d’horreur.

C’est qu’en effet, parmi tous les attentats de cette guerre atroce, cet attentat est le plus odieux qui ait été accompli contre l’humanité. La méchanceté pédante et policière du militarisme prussien, sa rigueur