Page:Collectif - Revue canadienne, Tome 1 Vol 17, 1881.djvu/349

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LE COLORADO EN 1880.

Suivi de quelques réflexions sur les Etat-Unis en général.

ASPECT GÉNÉRAL.

En laissant le Kansas et après avoir traversé une bonne partie des prairies de l’Ouest, on rencontre un pays jeune encore, mais qui offre déjà la physionomie la plus étonnante et la plus curieuse : tout y est nouveau, étrange même, et les progrès de cette contrée autant que sa nature physique tiennent vraiment du prodige et de l’enchantement ; enfin quelques mois suffisent pour y bâtir une ville et pour convertir le désert en une plaine fertile : tel est le Colorado.

Denver, centre principal de l’État est situé vers le 39me degré de latitude, et son élévation est de 5,387 pieds au-dessus du niveau de la mer ; ses jolis faubourgs et ses rues bordées d’arbres en font une véritable oasis où s’agite une population pleine de sève et d’activité. La vue des Montagnes Rocheuses qui dominent à l’ouest de cette ville, est tout à fait grandiose, et l’effet produit par cette immense chaîne dont on aperçoit une étendue de plus de deux cents milles, est d’autant plus remarquable que l’Est n’offre de son côté qu’une nudité absolue. Ainsi deux choses bien distinctes frappent par dessus tout : la montagne et la prairie. Elles forment un spectacle imposant si l’on considère d’une part les soulèvements gigantesques de cette partie du globe, et de l’autre l’immensité du désert ; hors de là, il est inutile de rechercher une variété agréable et des détails riants : cette grande nature impressionne mais ne sourit pas. Le pays ne doit donc pas ses succès à des aspects particulièrement attrayants quoique remarquables en leur genre ; une toute autre considération y a attiré un peuple qui s’accroit tous les jours et dont l’avenir semble promettre une prospérité égale à celle des plus vieux États de