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PETITE CAUSERIE

jugement de ce grand écrivain, chacun ici-bas, quel qu’il soit, a une mission utile à remplir auprès de ses semblables et que les fonctions les plus humbles ont leur utilité.



Dans l’Église il y a des docteurs ; il y a aussi des carillonneurs. De même il y a dans l’Église, à côté du grave chant liturgique, le simple et naïf noël populaire, que répètent autour de moi, depuis quelques jours, des primas donnas de douze ans parfaitement ignorantes des gorghetti du chant à l’italienne et dont les joues n’ont jamais subi le maquillage.

Un publiciste qui n’était malheureusement pas catholique, a écrit, en parlant des noëls :

« L’Église, quelquefois aussi, se faisait petite : la grande, la docte, l’éternelle, elle bégayait avec son enfant ; elle lui traduisait l’ineffable en puériles légendes. »

« On a remarqué dès longtemps, a dit un autre écrivain, cette gaieté particulière aux peuples catholiques ; ce sont des enfants qui, sur le giron de leur mère, lui font toutes sortes de niches et prennent leurs aises. »



L’abbé Perrault a préservé de l’oubli un grand nombre de nos noëls. Il reste encore une veine populaire à exploiter, — celle-ci toute profane — : je veux parler des contes du foyer, de ces récits puérils et merveilleux qui ont amusé notre enfance.

Lafontaine exprimait un jour le désir d’entendre conter Peau-d’Âne : je donnerais bien aussi quelque chose pour entendre un de ces naïfs récits, pour ressaisir les impressions charmantes qu’ils faisaient naître et goûter encore un instant la joie enfantine qu’ils savaient provoquer. Mais c’est là un plaisir de raffiné dont il faut faire le sacrifice, et nous ne devons penser à ces choses que pour nous rappeler des personnes aimées ou des instants qui, pour un grand nombre d’entre nous, sont depuis longtemps du domaine du passé.

J’engage M. Oscar Dunn, qui a fait une étude spéciale du langage campagnard canadien, à recueillir sinon des contes,