Page:Collectif - Revue de métaphysique et de morale, numéro 5, 1913.djvu/119

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L’expérience donna une loi de variation suffisamment conforme à celle qu’avait prévue Max Abraham pour qu’on pût en conclure que les particules devaient toute leur inertie au fait qu’elles étaient électrisées.

On atteignait ainsi, au moins dans le cas particulier des corpuscules cathodiques, une explication électromagnétique du phénomène d’inertie, on déduisait des équations de Maxwell et des propriétés électromagnétiques de l’éther les équations fondamentales de la dynamique sous une forme plus générale que Newton ne les avait posées à la base de la mécanique rationnelle. Celle-ci ne restait exacte qu’aux faibles vitesses et l’électromagnétisme seul permettait de prévoir comment elle devait être modifiée pour des vitesses voisines de celle de la lumière. C’était le renversement des tentatives anciennes d’explication mécanique de l’électricité et de l’optique, on expliquait maintenant la mécanique par l’électricité et on la généralisait en l’expliquant. Poincaré, ici encore, avait joué un rôle essentiel.

On ne devait pas s’arrêter là. Deux expériences extraordinairement délicates de Michelson et Morley, de Trouton et Noble, de Lord Rayleigh, de Brace avaient montré que, contrairement à ce qu’on prévoyait, il était impossible de manifester aucune influence du changement de vitesse de la Terre au cours des saisons sur les phénomènes électromagnétiques et optiques. Ceux-ci se passaient exactement de la même manière quel que soit le mouvement d’ensemble du système à l’intérieur duquel ils étaient observés.

Lorentz réussit à prouver que sa théorie rendait compte de tous ces résultats négatifs à condition d’admettre tout d’abord qu’un corps mis en mouvement, fût-ce un électron, se contracte dans la direction de sa vitesse d’autant plus que celle-ci est plus grande, en conservant des dimensions invariables dans les directions perpendiculaires. Il en résultait pour la loi de variation de l’inertie des particules cathodiques avec la vitesse une loi différente de celle donnée par Max Abraham qui avait admis l’invariabilité de la forme. La nouvelle loi était d’ailleurs beaucoup plus simple que l’ancienne, et des expériences précises reprises sur les rayons beta du radium montrèrent qu’elle représentait aussi beaucoup mieux la variation expérimentale de la masse des particules cathodiques en fonction de leur vitesse.

M. Lorentz montra aussi que, pour rendre compte du résultat