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chère Jacqueline, tantôt à genoux devant la trépassée, tantôt la pressant sur son cœur.

Au point du jour il creusa une fosse tout en sanglotant. Quand la fosse fut profonde, il y sema de l’herbe toute brillante de rosée.

Sur le lit funèbre il coucha Jacqueline pour l’éternité ; une dernière fois il lui prit la main et la baisa.

Sur Jacqueline il jeta toutes les fleurs sauvages qu’il put cueillir au bord du bois et de la prairie.

Sur les fleurs sauvages il jeta de la terre, terre bénite par ses larmes.

Il s’éloigna lentement. Les religieuses à leur réveil entendirent les sanglots de l’ami Pierre.

Depuis ce triste jour, jamais le forgeron n’a battu le fer à la forge.

Depuis ce triste jour, Jacqueline a dormi au bruit de la fontaine, bruit doux à son cœur.

Dans les soirs du mois de mai, quand le rossignol chante ses tendresses, là-bas dans les bois, elle se souvient que l’ami Pierre l’a bien aimée.

Et l’on voit tressaillir les petites fleurs bleues qui parsèment sa tombe toujours verte.

Ici finit l’histoire de l’ami Pierre et de la belle Jacqueline.

Toutes les jeunes filles vous content cette légende quand vous traversez Moulins en Bourbonnais.