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Page:Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions, et romans cabalistiques, tome 29, 1788.djvu/169

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De Campagne.

qu’espérance, & je me ſentis amoureux, mais amoureux comme un Amadis. Avant même que d’avoir ſongé à m’en garantir, madame de Fercy m’en fit appercevoir : je n’en voulus pas convenir d’abord ; mais les ſoins qu’on me vit prendre de me parer, & l’envie que j’avois de plaire à madame de Rantal, me découvroient aſſez pour n’avoir pas beſoin de mon aveu. Je commençai à lui rendre des ſoins par une petite fête que je lui donnai ; elle fut ſi magnifique, que madame de Fercy ne douta plus de ma paſſion. C’étoit dans le commencement des jonquilles & de ces autres belles fleurs du printems ; mon appartement en étoit tout jonché : il y eut un grand repas ; une muſique très-agréable lui ſuccéda, & je leur donnai enſuite une foule de petits divertiſſemens qui leur parurent aſſez amuſans. Madame de Fercy, qui eſt de très-belle humeur, & qui ne vouloit rien prendre ſur ſon compte, appella toujours ſon amie la reine de la tête. Peu de tems après, je fis une partie pour aller paſſer quatre jours dans une maiſon merveilleuſe, dont je pouvois faire les honneurs ; nous partîmes dans le plus beau mois de l’année, c’eſt-à-dire, dans le mois de juin, madame de Rantal, madame de Fercy, M. le chevalier de Fercy ſon beau-frère, qui eſt jeune, fort bien fait, & qui n’a

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