Page:Collection de précis historiques et mélanges religieux, littéraires et scientifiques, année XII, 1863.djvu/496

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Elle affectionnait particulièrement celles qui s’appliquaient à cet exercice, et elle leur décernait des récompenses.

Ayant passé dans cette vie sainte plusieurs années au monastère de Saint-Spas, sainte Parascève attira sur elle les regards de toutes les religieuses, qui d’un accord unanime la nommèrent leur supérieure ou hégumène.

La servante de Dieu, parée de ce titre, prit à cœur d’orner son église. Cette église, fondée jadis par sainte Euphrosine, parut, à cause des soins de sainte Parascève, avoir été fondée par cette dernière.

Sainte Parascève ne s’occupait pas moins des temples du Saint-Esprit confiés à sa garde, c’est-à-dire, des religieuses qui étaient sous sa direction, et qui, après avoir fait vœu de chasteté, promettaient de consacrer à Dieu leur vie entière. Elle choisit secrètement pour sa supérieure l’une d’elles qui était la plus fervente, et elle ne voulait rien faire sans son approbation.

Toutefois, les religieuses du Saint-Sauveur ne jouiront pas longtemps de leur sainte supérieure. Baty, khan des Tartares, envahit le pays avec 600,000 hommes ; il s’empara d’abord de la Petite-Bulgarie, puis de Moscou, passant les habitants au fil de l’épée. Il prit ensuite Vladimir, Jaroslav, Rostov, Pereyaslav, Suzdal et beaucoup d’autres villes, dont il fit le saccage. Il défit Georges III Vsevolodovitch, grand-duc de Vladimir, et son neveu Vsevolod, ou Basile Constantinovitch, de même que Mstislav IV Romanovitch, duc de Kiev, qui, à la tête de leurs troupes, étaient sortis contre lui. Il les fit même mettre à mort d’une manière horrible dans son camp.

Après cette invasion, Baty se retira dans ses États, emportant avec lui un immense butin. Quelques années après, il envahit Kiev, qu’il mit à feu et à sang ; il dépouilla toutes les églises et les rasa. Beaucoup d’habitants furent tués ; l’esclavage fut imposé à un grand nombre d’autres. Vers 1254, il alla du côté de Sandomir, capitale de la Petite-Pologne, et envoya dans la Grande-Pologne son général Keydan. Celui-ci porta partout le carnage et la dévastation ; il fit hacher en pièces les religieuses de Vitov, qui ne voulurent pas violer leur vœu de chasteté ; toutes périrent, sauf trois qui avaient fui dans les forêts. Avec l’autre moitié de sa horde, Baty alla vers Cracovie. Il battit les troupes de Pologne, commandées par le palatin Clément, castellan de Cracovie, à Chmiclnik, le 18 mars ; et il força Boleslas V, le Chaste, de fuir avec sa mère Grzymislava et sa femme Cunégonde.