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INTRODUCTION

De même divers autels sur les bords du Rhin. Une médaille à l’effigie d’Antonin le Pieux, frappée la 8e année de son règne, représente les bustes des sept Dieux planétaires avec les signes du zodiaque, et au centre le buste de Sérapis[1].

Une autre coïncidence, aussi fortuite que celle du nombre des planètes avec le quart de la révolution lunaire, celle du nombre des voyelles de l’alphabet grec, nombre égal à sept, a multiplié ces rapprochements mystiques, surtout au temps des gnostiques : les pierres gravées de la Bibliothèque nationale de Paris et les papyrus de Leide en fournissent une multitude d’exemples. Ce n’est pas tout : les Grecs, avec leur esprit ingénieux, ne tardèrent pas à imaginer entre les planètes et les phénomènes physiques des relations pseudo-scientitiques, dont quelques-unes, telles que le nombre des tons musicaux et des couleurs se sont conservées. C’est ainsi que l’école de Pythagore établit un rapport géométrique des tons et diapasons musicaux avec le nombre et les distances mêmes des planètes[2].

Le nombre des couleurs fut pareillement fixé à sept. Cette classification arbitraire a été consacrée par Newton et elle est venue jusqu’aux physiciens de notre temps. Elle remonte à une haute antiquité. Hérodote rapporte (Clio, 98) que la ville d’Ecbatane avait sept enceintes, peintes chacune d’une couleur différente : la dernière était dorée ; celle qui la précédait, argentée. C’est, je crois, la plus vieille mention qui établisse la relation du nombre sept avec les couleurs et les métaux. La ville fabuleuse des Atlantes, dans le roman de Platon, est pareillement entourée par des murs concentriques, dont les derniers sont revêtus d’or et d’argent ; mais on n’y retrouve pas le mystique nombre sept.

Entre les métaux et les planètes, le rapprochement résulte, non seulement de leur nombre, mais surtout de leur couleur. Les astres se manifestent à la vue avec des colorations sensiblement distinctes : suus cuique color est, dit Pline (H. N. II, 16). La nature diverse de ces couleurs a fortifié le rapprochement des planètes et des métaux. C’est ainsi que l’on conçoit aisément l’assimilation de l’or, le plus éclatant et le roi des métaux, avec la lumière

  1. De Witte, Gazette archéologique, 1877 et 1879.
  2. Pline (H. N. II, 20. — Th. H. Martin, Timée de Platon, t. II, p. 38.