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MÉTAUX ET PLANÈTES

jaune du soleil, le dominateur du Ciel. La plus ancienne indication que l’on possède à cet égard se trouve dans Pindare. La cinquième ode des Isthméennes débute par ces mots : « Mère du Soleil, Thia, connue sous beaucoup de noms, c’est à toi que les hommes doivent la puissance prépondérante de l’or ».

Μᾶτερ Ἁλίου, πολυώνυμε Θεία,
σέο γ’ ἔκατι καὶ μεγασθενῆ νόμισαν,
χρυσὸν ἄνθρωποι περιώσιον ἄλλων.

Dans Hésiode, Thia est une divinité, mère du soleil et de la lune, c’est-à-dire génératrice des principes de la lumière (Théogonie, 371, 374). Un vieux scoliaste commente ces vers en disant : « de Thia et d’Hypérion vient le soleil, et du soleil, l’or. À chaque astre une matière est assignée. Au Soleil, l’or ; à la Lune, l’argent : à Mars, le fer ; à Saturne, le plomb ; à Jupiter, l’electrum ; à Hermès, l’étain ; à Vénus, le cuivre[1] ». Cette scolie remonte à l’époque Alexandrine. Elle reposait à l’origine sur des assimilations toutes naturelles.

En effet, si la couleur jaune et brillante du soleil rappelle celle de l’or

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . orbem
Per duodena regit mundi sol aureus astra
[2] ;

la blanche et douce lumière de la lune a été de tout temps assimilée à la teinte de l’argent. La lumière rougeâtre de la planète Mars (igneus, d’après Pline ; πυρόεις d’après les alchimistes) a rappelé de bonne heure l’éclat du sang et celui du fer, consacrés à la divinité du même nom. C’est ainsi que Didyme, dans son commentaire sur l’Iliade (l. V), commentaire un peu antérieur à l’ère chrétienne, parle de Mars, appelé l’astre du fer. L’éclat bleuâtre de Vénus, l’étoile du soir et du matin, rappelle pareillement la teinte des sels de cuivre, métal dont le nom est tiré de celui de l’île de Chypre, consacrée à la déesse Cypris, l’un des noms grecs de Vénus. De là le rapprochement fait par la plupart des auteurs. Entre la teinte blanche et sombre du plomb et celle de la planète Saturne, la parenté est plus étroite encore et elle est constamment invoquée depuis l’époque Alexandrine. Les couleurs et les

  1. Pindare, édition de Bœckh, t. II, p. 540, 1819.
  2. Virgile, Géorgiques, I, 482.