Les symboles alchimiques qui figurent dans les manuscrits comprennent les métaux suivants, dont l’ordre et les attributions sont constants pour la plupart :
1o L’or correspondait au Soleil, relation que j’ai exposée plus haut (p. 77 ; — voir aussi fig. 3, Pl. I, l. 1, à gauche).
Le signe de l’or est presque toujours celui du Soleil, à l’exception d’une notation isolée où il semble répondre à une abréviation (ms. 2327, fol. 17 verso, l. 19 ; ce volume, fig. 8, Pl. VI, l. 19).
2o L’argent correspondait à la Lune et est toujours exprimé par le signe planétaire (ce volume, fig. 3, Pl. I, l. 2).
3o L’électrum, alliage d’or et d’argent : cet alliage était réputé un métal particulier chez les Égyptiens qui le désignaient sous le nom d’asèm ; nom qui s’est confondu plus tard avec le mot grec asemon (ἄσημον), argent non marqué. Cet alliage fournit à volonté, suivant les traitements, de l’or ou de l’argent. Il est décrit par Pline, et il fut regardé jusqu’au temps des Romains comme un métal distinct. Son signe était celui de Jupiter (ce volume, fig. 3, Pl. I, l. 4), attribution que nous trouvons déjà dans Zosime, auteur alchimique du iiie ou ive siècle de notre ère.
Quand l’électrum disparut de la liste des métaux, son signe fut affecté à l’étain, qui jusque-là répondait à la planète Mercure (Hermès). Nos listes de signes portent la trace de ce changement. En effet la liste du manuscrit de Saint-Marc porte (ce volume, fig. 3, Pl. I, l. 4) : « Jupiter resplendissant, électrum », et ces mots se retrouvent, toujours à côté du signe planétaire, dans le manuscrit 2327 de la Bibliothèque nationale de Paris, fol. 17 recto, l. 16 (ce volume, fig. 7, Pl. V, l. 16) ; la première lettre du mot Zeus, figurant sous deux formes différentes majuscule et minuscule). Au contraire un peu plus loin, dans une autre liste du dernier manuscrit (fol. 18, verso l. 5 ; ce volume, fig. 10, Pl. VIII, l. 5), le signe de Jupiter est assigné à l’étain. Les mêmes changements sont attestés par la liste planétaire citée plus loin.
4o Le plomb correspondait à Saturne : cette attribution n’a éprouvé aucun changement ; quoique le plomb ait plusieurs signes distincts dans les listes (ms. de Saint-Marc, fol. 6, dernière ligne à gauche et ce volume, fig. 3, Pl. I, l. 3 ; ms. 2327, fol. 17 recto, l. 11 et 12 et ce volume, fig. 9,