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PAPYRUS DE LEYDE

ainsi que des écrits de Moïse le magicien cité dans Pline[1] : c’est la même famille d’apocryphes. Le manuscrit actuel est, d’ailleurs, rempli de solécismes et de fautes d’orthographe, attestant l’ignorance des copistes égyptiens. On y cite Hermès Ptéryx, Zoroastre le Persan, Tphé l’hiérogrammate, auteur d’un livre adressé au roi Ochus, Manéthon l’astrologue, le même sans doute que celui dont nous possédons un poème, les mémoires d’Évenus, Orphée le théologien. Érotyle, dans ses Orphiques. Les noms d’Orphée et d’Érotyle se retrouvent aussi chez les alchimistes grecs. Le nom du second, cité aussi par Zosime, a été d’ailleurs méconnu et pris pour celui d’un instrument chimique ; sa reproduction dans le Papyrus W (Papyri, t. II, p. 254) en fixe le sens définitif. Toth (t. II, p. 103) et l’étoile du chien (II, 109-115) rappellent la vieille Égypte. Les noms d’Abraham, Isaac, Jacob, Michel (t. II, p. 144-153, celui des deux Chérubins (t. II, p. 101), l’intervention du temple de Jérusalem (t. II, p. 99), montrent les affinités juives de l’auteur. Apollon et le serpent Pythien (II, 88) manifestent le mélange de traditions grecques, aussi bien que dans les papyrus de Berlin et chez les alchimistes[2]. Ces affinités sont en même temps gnostiques. C’est ici le lieu de rappeler que les Marcosiens avaient composé un nombre immense d’ouvrages apocryphes, d’après Irénée (Hérésies, I, 17. Le titre même énoncé à la première ligne du papyrus : « livre sacré appelé Monas, le huitième de Moïse, sur le nom saint », est tout à fait conforme aux doctrines des Carpocratiens, pour lesquels Monas était le grand Dieu ignoré[3]. Le grand nom ou le saint nom possède des vertus magiques (Papyri, t. II, p. 99) ; il rend invisible, il attire la femme vers l’homme, il chasse le démon, il guérit les convulsions, il arrête les serpents, il calme la colère des rois, etc. Le saint nom est appelé aussi Ogdoade (Papyri, t. II, p. 141 ; et formé de sept voyelles, la monas complétant le nombre huit. Le nombre sept joue ici, comme dans toute cette littérature, un rôle prépondérant : il est subordonné à celui des planètes divines, à chacune desquelles est consacrée une plante et un parfum spécial (Papyri, t. II, p. 33 ; voir ci-dessus les notes de la p. 13).

Sans nous arrêter aux formules d’incantation et de conjuration, farcies

  1. H. N., XXX, 2.
  2. Origines de l’Alchimie, p. 333.
  3. Matter, Hist. du gnosticisme, t. II, p. 265.