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INTRODUCTION

de mots barbares, nous pouvons relever, au point de vue des analogies historiques, la mention du serpent qui se mord la queue et celle des sept voyelles entourant la figure du crocodile à tête d’épervier, sur lequel se tient le Dieu polymorphe (Papyri, t. II, p. 85). C’est encore là une figure toute pareille à celles qui sont tracées sur les pierres gravées de la Bibliothèque nationale. (Origines de l’alchimie, p. 62).

Citons aussi la mention de l’Agathodémon ou serpent divin : le ciel est ta tête, l’éther ton corps, la terre tes pieds, et l’eau t’environne ; tu es l’Océan qui engendre tout bien et nourrit la terre habitée. »

J’y relève, en passant, quelques mots chimiques pris dans un sens inaccoutumé : tel est le « nitre tétragonal » (p. 85), sur lequel on doit écrire des dessins et des formules compliquées. Ce n’était assurément pas notre salpêtre, ni notre carbonate de soude, qui ne se prêteraient guère à de pareilles opérations. Le sulfate de soude fournirait peut-être des lames suffisantes ; mais il est plus probable qu’il s’agit ici d’un sel insoluble, suffisamment dur, tel que le carbonate de chaux (spath calcaire), ou le sulfate de chaux, peut-être le feldspath : car il est question plus loin de lécher et de laver deux de ses faces (Papyri, t. II, p. 91) ; il y a là une énigme. Sur ce nitre, on écrit avec une encre faite des sept fleurs et des sept aromates (Papyri, t. II, p. 90, 99). On doit y peindre une « stèle » sacrée renfermant l’invocation suivante :

« Je t’invoque, toi, le plus puissant des dieux, qui as tout créé ; toi, né de toi-même, qui vois tout, sans pouvoir être vu. Tu as donné au soleil la gloire et la puissance. À ton apparition, le monde a existé et la lumière a paru. Tout t’est soumis, mais aucun des dieux ne peut voir ta forme, parce que tu te transformes dans toutes… Je t’invoque sous le nom que tu possèdes dans la langue des oiseaux, dans celle des hiéroglyphes, dans celle des Juifs, dans celle des Égyptiens, dans celle des cynocéphales… dans celle des éperviers, dans la langue hiératique… »

Ces divers langages mystiques reparaissent un peu plus loin, après une invocation à Hermès et en tête d’un récit gnostique de la création, récit que je reproduis en l’abrégeant, afin de donner une idée plus complète de ce genre de littérature qui a eu un rôle historique si considérable.

« Le Dieu aux neufs formes te salue en langage hiératique… et ajoute :