Page:Collection des anciens alchimistes grecs - L1, 1887.djvu/55

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
21
PAPYRUS DE LEYDE

« Apprends, ô ami des Muses, dit Olympiodore, auteur alchimique du commencement du ve siècle de notre ère, apprends ce que signifie le mot économie[1] et ne vas pas croire, comme le font quelques-uns, que l’action manuelle seule est suffisante : non, il faut encore celle de la nature, et une action supérieure à l’homme. »

Et ailleurs : « Pour que la composition se réalise exactement, dit Zosime ; demandez par vos prières à Dieu de vous enseigner, car les hommes ne transmettent pas la science ; ils se jalousent les uns les autres, et l’on ne trouve pas la voie… Le démon Ophiuchus entrave notre recherche, rampant de tous côtés et amenant tantôt des négligences, tantôt la crainte, tantôt l’imprévu, en d’autres occasions les afflictions et les châtiments, afin de nous faire abandonner l’œuvre. »

De là la nécessité de faire intervenir les prières et les formules magiques, soit pour conjurer les démons ennemis, soit pour se concilier la divinité.

Tel était le milieu scientifique et moral au sein duquel les croyances à la transmutation des métaux se sont développées : il importait de le rappeler. Mais il est du plus haut intérêt, à mon avis, de constater quelles étaient les pratiques réelles, les manipulations positives des opérateurs. Or ces pratiques nous sont révélées par le papyrus de Leide, sous la forme la plus claire et en concordance avec les recettes du Pseudo-Démocrite et d’Olympiodore. Nous sommes ainsi conduits à étudier avec détail les recettes du papyrus, qui contient la forme première de tous ces procédés et doctrines. Dans le Pseudo-Démocrite, et plus encore dans Zosime, elles sont déjà compliquées par des imaginations mystiques ; puis sont venus les commentateurs, qui ont amplifié de plus en plus la partie mystique, en obscurcissant ou éliminant la partie pratique, à la connaissance exacte de laquelle ils étaient souvent étrangers. Les plus vieux textes, comme il arrive souvent, sont ici les plus clairs.

Donnons d’abord ce que l’on sait sur l’origine de ce papyrus, ainsi que sa description. Le papyrus X a été trouvé à Thèbes, sans doute avec les deux précédents ; car la recette 15 qui s’y trouve s’en réfère au procédé d’affinage

  1. Il s’agit du traitement mis en pratique pour fabriquer l’or.