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INTRODUCTION

de l’or cité dans le papyrus V (v. plus haut, p. 13). Il est formé de dix grandes feuilles, hautes de 0m30, larges de 0m34, pliées en deux dans le sens de la largeur. Il contient seize pages d’écriture, de vingt-huit à quarante-sept lignes, en majuscules de la fin du IIIe siècle. Il renferme soixante-quinze formules de métallurgie, destinées à composer des alliages, en vue de la fabrication des coupes, vases, images et autres objets d’orfèvrerie ; à souder ou à colorer superficiellement les métaux ; à en essayer la pureté, etc. ; formules disposées sans ordre et avec de nombreuses répétitions. Il y a en outre quinze formules pour faire des lettres d’or ou d’argent, sujet connexe avec le précédent. Le tout ressemble singulièrement au carnet de travail d’un orfèvre, opérant tantôt sur les métaux purs, tantôt sur les métaux alliés ou falsifiés. Ces textes sont remplis d’idiotismes, de fautes d’orthographe et de fautes de grammaire : c’est bien là la langue pratique d’un artisan. Ils offrent d’ailleurs le cachet d’une grande sincérité, sans ombre de charlatanisme, malgré l’improbité professionnelle des recettes. Puis viennent onze recettes pour teindre les étoffes en couleur pourpre, ou en couleur glauque. Le papyrus se termine par dix articles tirés de la Matière médicale de Dioscoride, relatifs aux minéraux mis en œuvre dans les recettes précédentes.

On voit par cette énumération que le même opérateur pratiquait l’orfèvrerie et la teinture des étoffes précieuses. Mais il semble étranger à la fabrication des émaux, vitrifications, pierres précieuses artificielles. Du moins aucune mention n’en est faite dans ces recettes, quoique le sujet soit longuement traité dans les écrits des alchimistes. Le papyrus X ne s’occupe d’ailleurs que des objets d’orfèvrerie fabriqués avec les métaux précieux ; les armes, les outils et autres gros ustensiles, ainsi que les alliages correspondants, ne figurent pas ici.

Les recettes relatives aux métaux sont inscrites sans ordre, à la suite les unes des autres. Cherchons-en d’abord les caractères généraux.

En les examinant de plus près, on reconnaît qu’elles ont été tirées de divers ouvrages ou traditions. En effet, les unités auxquelles se rapportent ces compositions métalliques sont différentes, quoique spéciales pour chaque recette. L’écrivain y parle tantôt de mesures précises, telles que les mines, statères, drachmes, etc. (le mot drachme ou le mot statère étant