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PAPYRUS DE LEYDE

trouve dans le papyrus, comme dans le texte de l’édition classique de Sprengel, le mot ἄμβιξ désignant le couvercle d’un vase, couvercle à la face inférieure duquel se condensent les vapeurs du mercure sublimé (αἰθάλη) : ce même mot, joint à l’article arabe al, a produit le nom alambic. On voit que l’ambix est le chapiteau d’aujourd’hui. L’alambic proprement dit et l’aludel, instrument plus voisin encore de l’appareil précédent, sont d’ailleurs décrits dans les alchimistes grecs : ils étaient donc connus dès le IVe ou Ve siècle de notre ère.

Il manque à l’article Mercure du papyrus une phrase célèbre que Hœfer, dans son Histoire de la chimie (t. I, p. 149, 2e édition) avait traduite dans un sens alchimique : « Quelques-uns pensent que le mercure existe essentiellement et comme partie constituante des métaux. » Ἔνιοι δὲ ἱστοροῦσι καὶ καθ’ ἑαυτὴν ἐν τοῖς μετάλλοις εὑρίσκεσθαι τὴν ὑδράργυρον. J’avais d’abord adopté cette interprétation de Hœfer : mais en y pensant davantage, je crois que cette phrase signifie seulement : « quelques-uns rapportent que le mercure existe à l’état natif dans les mines. » En effet le mot μέταλλα a le double sens de métaux et de mines, et ce dernier est ici plus naturel. En tous cas la phrase manque dans le papyrus : soit que le copiste l’ait supprimée pour abréger ; soit qu’elle n’existât pas alors dans les manuscrits, ayant été intercalée plus tard par quelque annotateur.

Une autre variante n’est pas sans intérêt, au point de vue de la discussion des textes, dans l’article Mercure. Le texte donné par Sprengel porte : « on garde le mercure dans des vases de verre, ou de plomb, ou d’étain, ou d’argent ; car il ronge toute autre matière et s’écoule. » La mention du verre est exacte ; mais celle des vases de plomb, d’étain, d’argent est absurde ; car ce sont précisément ces métaux que le mercure attaque : elle n’a pu être ajoutée que par un commentateur ignorant. Or le papyrus démontre qu’il en est réellement ainsi : car il parle seulement des vases de verre, sans faire mention des vases métalliques. Zosime insiste aussi sur ce point.

On sait que l’on transporte aujourd’hui le mercure dans des vases de fer, dont l’emploi ne paraît pas avoir été connu des anciens.

Venons à la partie vraiment originale du papyrus.

Je vais présenter d’abord la traduction des articles relatifs aux métaux, au