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Page:Collin - Sisyphe et le Juif errant, 1914.djvu/47

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LE JUIF.

Je ne sais, je ne sais, car je n’ai écouté nulle part les chanteurs de complaintes. Pourtant je me mêlais aux foules des villes en fête, en deuil, en révolte ou tout aux affaires des marchés. Sur les places, les jeunes garçons me jetaient des ordures, et les belles dames appuyées aux balcons, envoyaient vers moi leurs domestiques armés de fouets ou leurs chiens qui mordaient mon manteau.

Hors des villes, les pèlerins tristes allaient par bandes ; ils me demandaient le chemin des tombeaux sacrés et me crachaient au visage parce que je ne savais pas. Et c’étaient d’autres pays et d’autres hommes et d’autres bêtes ; la couleur du jour changeait aussi, et partout je