Page:Collin - Sisyphe et le Juif errant, 1914.djvu/51

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routes et me disaient qu’ils étaient sages.

Chaque année, je revoyais volontiers la ville d’Épinal où je suis né ; la Mère Michel m’y saluait, entre les rideaux de sa fenêtre : « Et bonjour, Juif errant ! » ; Monsieur Cadet Rousselle me tirait un coup de son grand chapeau et des soldats roides et magnifiques se tenaient en rang sur les trottoirs pour me voir passer.

À l’ombre des peupliers, sur les routes, dans les campagnes couvertes de vignes ou de blés, il y avait d’autres soldats rouges et bleus qui chantaient en allant à la guerre et voulaient me donner aussi des sous pour que je leur dise des histoires de batailles.

Car j’ai vu des guerres et, sous les flammes qui s’allumaient au ciel et faisaient voler le bronze et l’acier,