Les astres en passant près d’elle, dans leur cours,
Surpris, en un tel lieu, d’une telle détresse,
Lui dirent « D’où vient donc ton amère tristesse,
Pauvre âme, et quel chagrin te fait pleurer toujours ? »
Elle leur répondit : « J’ai laissé sur la terre,
En partant, bien des cœurs meurtris par la douleur,
Succombant, sans pitié, sous le poids du malheur,
Opprimés de tourment, torturés de misère !…
« Ici, dans les splendeurs divines, les élus,
Se mêlant au concert de la sainte phalange,
Jouissent dans la paix d’extases sans mélange
Et goûtent sans répit des bonheurs absolus.
« Là-bas, sur terre, on lutte, on combat. À toute heure,
On craint un mal nouveau. Ce cruel souvenir
M’obsède et me poursuit… Je ne puis le bannir.
Créateur, laisse-moi retourner où l’on pleure !
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TRENTE POÉSIES RUSSES