Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/181

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s’asseoir auprès de la dormeuse dans laquelle je m’étais établi pour lire les journaux. La minute d’avant, sir Percival était parti pour aller faire un tour dans les écuries, et il n’y avait plus que nous dans le salon.

— Je suppose, me dit-elle, retournant et froissant dans sa main la lettre de mistress Catherick, je suppose que nous avons fait, bel et bien, tout ce qu’on pouvait attendre de nous ?

— Cela dépend, répondis-je, un peu chagriné de voir renaître son hésitation. Comme ami de sir Percival, le connaissant bien et se fiant à lui, nous avons fait, et au delà, tout le nécessaire. Mais, si nous voulons traiter avec lui en ennemis méfiants et qui se tiennent sur leurs gardes…

— Il ne faut pas même songer à cette alternative, interrompit-elle. Nous sommes les amis de sir Percival, et si son indulgente générosité peut ajouter à notre respect pour lui, nous devrions nous ranger, dès aujourd’hui, parmi ses admirateurs. Vous savez sans doute qu’il a vu, hier, M. Fairlie, et qu’ensuite il est sorti avec moi ?

— Oui. Je vous ai vus partir ensemble, à cheval.

— Nous débutâmes, à la promenade, par causer d’Anne Catherick et de son étrange rencontre avec M. Hartright. Mais, quittant bientôt ce sujet, sir Percival me parla ensuite, avec la plus parfaite abnégation, de son engagement vis-à-vis de Laura. « Il avait remarqué, me dit-il, qu’elle était dans un triste état de langueur, et, jusqu’à information contraire, il attribuerait uniquement à cette cause l’altération de son attitude envers lui. Si, pourtant, ce changement avait d’autres motifs plus sérieux, il nous suppliait, M. Fairlie et moi, de ne gêner en rien les inclinations de cette enfant. Tout ce qu’il demandait, en ce cas, c’était qu’elle voulût bien récapituler, une dernière fois, et les circonstances qui avaient d’abord présidé à leur mutuel engagement, et ce qu’avait été sa conduite, à lui, depuis cette époque jusqu’au moment actuel. Si, après avoir mûrement réfléchi sur ces deux sujets, elle souhaitait réellement qu’il abdiquât ses prétentions à l’honneur d’être son mari, — et si elle le lui