Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/388

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formes de l’étiquette, m’assurait de la joie qu’elle éprouvait, pour le compte de tous, de ce que la conduite de sir Percival ne les avait pas obligés, elle et son mari, à quitter Blackwater-Park. Elle parlait encore, lorsque la porte se rouvrit, et le comte, y passant la tête :

— Miss Halcombe, dit-il, je suis heureux de vous informer que lady Glyde a repris dans cette maison l’autorité qui lui appartient. J’ai pensé que vous aimeriez mieux apprendre de moi que de sir Percival la nouvelle de cet heureux changement ; — c’est pourquoi je suis revenu tout exprès vous l’annoncer.

— Délicatesse admirable !… dit madame Fosco, remboursant au comte, en même monnaie et avec le même accent, le tribut d’admiration qu’il lui payait naguère si volontiers. Il sourit, s’inclinant, comme s’il répondait ainsi au compliment de quelque étranger courtois, et recula pour me laisser passer.

Sir Percival attendait debout dans le vestibule : comme je m’élançais sur l’escalier, je l’entendis appeler avec impatience le comte resté dans la bibliothèque.

— Qu’attendez-vous là ? disait-il… J’ai à vous parler.

— Et j’ai à réfléchir, moi, pendant quelques instants… Attendez Percival, attendez !… nous causerons de cela un peu plus tard…

Ni lui, ni son ami n’en dirent plus long. Parvenue au palier du premier étage, je pris ma course le long du couloir, et, dans ma précipitation, je laissai ouverte la porte de l’antichambre ; — en revanche, je fermai, dès que j’y eus pénétré, celle de la chambre à coucher.

Laura était assise tout au fond de cette pièce ; ses bras reposaient sur une table et sa figure était cachée dans ses mains. Elle se releva comme en sursaut, poussant un cri de joie dès que je parus à ses yeux.

— Comment êtes-vous ici ? me demanda-t-elle… Qui vous a permis d’entrer ? Ce n’est pas sir Percival, j’imagine ?…

Inquiète, avant tout, de savoir ce qu’elle avait à me raconter, je ne pus d’abord lui répondre… Les questions que j’avais à lui poser m’occupaient trop exclusivement.