Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/610

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lager Anne. Mistress Clements (se sentant une confiance toute naturelle pour le comte, à raison du message dont lady Glyde l’avait chargé) accepta son offre avec reconnaissance, et ils reprirent ensemble la route du « cottage. »

Anne était endormie quand ils arrivèrent. À sa vue le comte tressaillit (surpris, bien évidemment, de la voir ressembler si fort à lady Glyde). La pauvre mistress Clements n’attribua cette émotion qu’à la gravité de l’état où il trouvait la jeune malade. Il ne permit pas qu’on troublât son sommeil ; il se contenta de poser à mistress Clements quelques questions sur les symptômes du mal, tandis qu’il contemplait Anne Catherick, et légèrement lui tâtait le pouls. Sandon était assez considérable pour posséder une boutique d’épicier-droguiste ; le comte s’y rendit pour écrire son ordonnance, et faire faire le remède sous ses yeux. Il le rapporta lui-même, assurant à mistress Clements que, grâce à ce stimulant d’un grand effet, Anne serait bientôt assez forte pour sortir de son lit et supporter la fatigue d’un voyage à Londres, lequel, après tout, ne durerait qu’un petit nombre d’heures. Le remède devait être administré en plusieurs fois, déterminées d’avance pour ce jour-là et le lendemain. Au troisième jour, elle serait en état de voyager ; et il convint de se rencontrer avec mistress Clements à la station de Blackwater, pour les voir partir par le train de midi. Si elles ne s’y montraient point, présumant que l’état de la malade avait empiré, il reviendrait immédiatement au « cottage ».

La tournure que prirent les événements ne réalisa pas cette dernière prévision.

La médecine eut sur Anne Catherick un effet extraordinaire, et ses bons résultats furent confirmés encore par l’assurance que mistress Clements croyait pouvoir lui donner maintenant, de rencontrer bientôt lady Glyde à Londres. Au jour et à l’heure fixés (elles n’avaient pas tout à fait passé une semaine complète dans le Hampshire), les deux femmes arrivèrent à la station. Le comte les y attendait, tout en causant avec une dame d’un certain âge, qui semblait aussi se disposer à partir par le train de Londres.