Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/640

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— Je suis parfaitement au courant de ceci.

— N’avez-vous appréhendé en rien que le malheur de sa fuite pût n’être que le prélude d’un autre malheur, — celui de sa mort ?

— Oui. Venez-vous me dire qu’elle est morte ?

— Positivement.

— Pourquoi ?…

Elle me posa cette étrange question sans que sa voix, son visage ou son attitude eussent subi le plus léger changement. Elle n’eût pas semblé plus complètement désintéressée dans la question, s’il se fût agi du trépas de la chèvre captive devant ses fenêtres.

— Pourquoi ? répétai-je. Vous me demandez pourquoi je viens vous apprendre la mort de votre fille ?

— Sans doute. Quel intérêt prenez-vous à elle ou à moi ? Comment se fait-il que vous soyez au courant de ce qui concerne ma fille ?

— Vous allez le savoir. Je la rencontrai le soir où elle s’échappa de l’hospice, et je lui procurai les moyens d’arriver à un refuge sûr.

— Vous eûtes grand tort.

— Je suis fâché d’entendre sa mère parler ainsi.

— Peu importe à sa mère. Comment savez-vous qu’elle est morte ?

— Je n’ai pas la liberté de dire comment je le sais ; mais je le sais, ajoutai-je en appuyant sur ces trois derniers mots.

— Avez-vous la liberté de dire comment vous avez découvert mon adresse ?

— Parfaitement : … c’est mistress Clements qui me l’a donnée.

— Mistress Clements a perdu la tête. Vous a-t-elle conseillé de venir ici ?

— En aucune façon.

— Alors, je vous le demande encore, pourquoi êtes-vous venu ?…

La voyant bien résolue à obtenir une réponse, je la lui donnai sous la forme la plus simple.

— Je suis venu, lui dis-je, pensant que la mère d’Anne