Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/641

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Catherick pouvait avoir naturellement quelque intérêt à savoir si celle-ci était morte ou vivante.

— Voilà tout ? dit mistress Catherick avec plus de sang-froid que jamais. Vous n’aviez pas d’autres motifs ?…

J’hésitai. La réponse la plus convenable à cette question n’était pas facile à improviser sur place.

— Si vous n’avez pas d’autres motifs, continua-t-elle, ôtant à loisir ses mitaines couleur d’ardoise et les roulant avec soin l’une dans l’autre, je n’ai plus qu’à vous remercier de votre visite, et à vous dire que je ne vous retiendrai pas plus longtemps. L’information que vous m’apportez serait plus complète, si vous vouliez bien m’expliquer par quelle voie elle vous est parvenue. Je suppose pourtant qu’elle m’autorise à prendre le deuil. Comme vous voyez, je n’aurai pas à modifier beaucoup mon costume. Mes mitaines une fois changées, je serai en noir de la tête aux pieds…

Elle fouilla dans les poches de sa robe ; elle y prit une paire de mitaines en filet noir ; elle les ganta du plus beau calme et avec l’impassibilité d’une figure de marbre ; puis, laissant retomber ses mains sur ses genoux :

— Je vous souhaite le bonjour, me dit-elle.

Le froid mépris que respirait son attitude me décida, en m’irritant, à lui laisser voir que le but de ma visite n’était pas encore rempli.

— En venant ici, lui dis-je, j’avais un autre motif.

— Ah ! je m’en doutais, remarqua mistress Catherick.

— La mort de votre fille…

— De quoi est-elle morte ?

— D’une maladie de cœur.

— C’est bien. Continuez.

— La mort de votre fille a servi à infliger un tort grave à une personne qui m’est très-chère. Je sais, de science certaine, que deux hommes ont pris part à cet acte d’iniquité. L’un d’eux est sir Percival Glyde.

— En vérité ?…

Je la regardais attentivement pour voir si la brusque mention de ce nom ne l’ébranlerait pas quelque peu. Pas