main, son châle sur le bras, et, avec une attention profonde, me regardait.
— Avez-vous quelques minutes à me donner ? dit-elle, avant de vous retirer chez vous pour travailler.
— Certes, miss Halcombe… Mon temps est toujours à votre disposition.
— Je voudrais, monsieur Hartright, vous dire un mot en particulier : prenez votre chapeau, et accompagnez-moi au jardin. Il n’est pas probable qu’à cette heure matinale nous y soyons dérangés…
Au moment où nous descendions sur la pelouse, un des jardiniers en sous-ordre, — un tout jeune homme, — passa près de nous, une lettre à la main, se dirigeant vers le château. Miss Halcombe l’arrêta.
— Cette lettre est-elle pour moi ? demanda-t-elle.
— Non, miss. On m’a chargé de la remettre à miss Fairlie, répondit le jeune messager, lui tendant néanmoins la lettre dont il était porteur.
Miss Halcombe la prit et regarda l’adresse.
— Singulière écriture ! se dit-elle. Quel peut être ce correspondant de Laura ?… Qui vous a remis ceci ? continua-t-elle, s’adressant au jardinier.
— Ma foi, miss, dit le petit bonhomme, c’est une femme qui m’en a chargé.
— Quelle espèce de femme ?
— Une femme « ancienne… » et joliment cassée.
— Oh !… une vieille femme ? Est-ce qu’elle est de votre connaissance ?
— Je ne pense pas pouvoir dire que je l’eusse jamais vue.
— Par où s’en est-elle allée ?
— Par là, répondit le jeune jardinier, se tournant résolument du côté du midi, et, par un geste trop compréhensif, désignant toutes les provinces du sud de l’Angleterre.
— Voilà qui est curieux, dit miss Halcombe. Ce doit être quelque missive de mendiante. Allez, ajouta-t-elle en rendant la lettre au petit messager, portez au château, et remettez à quelque domestique !… À présent, monsieur