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de mon propre détachement. Pendant tout le reste de cette terrible nuit, je ne revis plus mon parent.

Dès l’aube, comme le pillage continuait, le général Baird fit annoncer au son du tambour que tout voleur pris sur le fait serait pendu, quel que fût son grade.

Afin de mieux en faire ressortir l’importance, le prévôt de l’armée appuyait de sa présence cet ordre du jour.

Parmi la foule qui écoutait la proclamation, Herncastle et moi nous nous trouvâmes face à face.

Il me tendit la main, comme de coutume, en me disant : « Bonjour. »

J’attendis avant de la prendre, et lui dis :

« Donnez-moi donc d’abord quelques détails sur ce qui a causé la mort de l’Indien dans l’arsenal, et sur ce que signifiaient ses dernières paroles lorsqu’il désignait du geste le poignard que vous teniez à la main ?

— Je pense, répondit Herncastle, que la mort de l’Indien est due à une blessure mortelle. Quant à ses dernières paroles, je ne sais rien de plus que vous. »

Je le regardai fixement ; son exaltation de la veille avait disparu. Je voulus lui laisser encore une chance de s’ouvrir à moi. « Est-ce bien tout ce que vous avez à me dire ? » lui demandai-je. « Oui, c’est tout ! » fut sa réponse. Je lui tournai le dos, et jamais depuis nous ne nous sommes parlé.


IV


Il est bien entendu que ce que j’écris ici sur mon cousin n’est destiné qu’à la famille, à moins que les circonstances n’en rendent la publication nécessaire. Herncastle n’a rien laissé échapper qui m’ait autorisé à instruire notre commandant des fortes préventions que j’avais conçues contre lui.

On l’a plaisanté plus d’une fois sur le diamant en lui rappelant ses fanfaronnades à ce sujet la veille de l’assaut ; mais la situation qu’il a vis-à-vis de moi, depuis la scène de l’arsenal, suffit à lui faire garder le silence. On assure qu’il demande à changer de régiment, dans le but avoué par lui de s’éloigner de moi.

Que ce bruit soit fondé ou non, je ne puis me résoudre à