Page:Collins - La Pierre de lune, 1898, tome 1.djvu/130

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Je convins de la justesse de cette appréciation. Milady, le premier moment de surprise passé, se rangea aussi de cet avis.

« Vous affirmez que l’investigation est nécessaire ? dit-elle.

— C’est le moyen le plus rapide d’atteindre le but que nous nous proposons. »

Milady se leva pour sonner sa femme de chambre. « Vous vous adresserez aux domestiques, dit-elle, avec les clés de mes armoires dans vos mains. » M. Cuff l’arrêta par une question inattendue.

« Ne vaudrait-il pas mieux, lui dit-il, nous assurer d’abord pour cette visite du consentement des dames et des gentlemen habitant la maison ?

— La seule dame de la maison après moi est miss Verinder répondit ma maîtresse avec l’accent de la surprise ; quant aux gentlemen, il n’y a ici que mes deux neveux, M. Blake et M. Ablewhite ; il ne saurait donc y avoir de refus à redouter d’aucun d’eux trois ! »

Ici, je rappelai à milady que M. Godfrey était sur le point de partir. Au même moment, il frappait à la porte pour venir lui faire ses adieux, suivi de M. Blake qui l’accompagnait jusqu’au chemin de fer. Milady les mit au courant de la situation, que M. Godfrey contribua tout de suite à faciliter.

Il appela Samuel par la fenêtre et lui dit de remonter sa malle, dont il remit la clé au sergent Cuff.

« Mes bagages me suivront à Londres, dit-il, lorsque la perquisition sera achevée. » Le sergent reçut la clé, non sans s’excuser, comme il convenait : « Je regrette, monsieur, de vous causer cet ennui, et cela pour une simple formalité, mais l’exemple donné par vous et les autres, sera d’un effet excellent sur l’esprit des domestiques. »

M. Godfrey prit congé de milady dans des termes très-affectueux, et lui laissa pour miss Rachel un message dont le sens m’indiquait clairement qu’il n’acceptait pas le refus comme définitif, et qu’il comptait lui poser une seconde fois la question du mariage.

M. Franklin, avant de nous quitter, prévint le sergent que tous ses effets étaient à sa disposition, et que rien de ce qui lui appartenait n’était sous clé.

Le sergent le remercia. Vous voyez que ses désirs avaient