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Page:Collins - La Pierre de lune, 1898, tome 1.djvu/132

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— Parce que la dernière fois que je la vis, répondit le sergent, elle était en prison pour vol. »

Après cela, il ne nous restait qu’à lui dire la vérité. Ma maîtresse insista fortement sur la bonne conduite de Rosanna depuis son entrée à notre service, et sur l’excellente opinion qu’en avait la directrice du refuge.

« Vous ne la soupçonnez pas, j’espère ? dit très-sérieusement lady Verinder, en achevant son récit.

— J’ai déjà eu l’honneur de dire à milady que jusqu’à présent je ne soupçonnais du vol aucune personne de la maison. »

Après cette réponse, milady se leva pour monter demander ses clés à miss Rachel.

Le sergent me devança pour lui ouvrir la porte, et la salua profondément. Je vis milady frissonner en passant près de lui. Nous attendîmes, et attendîmes encore : pas de clés. M. Cuff ne fit aucune réflexion. Il tourna son mélancolique visage vers la fenêtre, mit ses longues mains dans ses poches, et sifflota à mi-voix la Dernière Rose d’Été.

Samuel entra enfin, mais au lieu des clés, il m’apportait un bout de papier.

Je cherchai mes lunettes, et cela tout de travers, car je sentais les yeux du sergent braqués sur moi. Le papier contenait deux ou trois lignes écrites au crayon par milady.

Elle me faisait savoir que miss Rachel avait refusé net de laisser visiter sa garde-robe. Interrogée sur les motifs de ce nouveau caprice, elle s’était mise à sangloter.

Sa mère ayant insisté de nouveau, elle avait répondu :

« Je ne veux pas, parce que je ne veux pas. Je ne céderai qu’à la force si vous m’y contraignez. »

Je compris que milady se souciât peu de communiquer elle-même cette réponse de sa fille au sergent Cuff. Si je n’avais dépassé l’époque de la jeunesse, je crois vraiment que j’eusse eu la faiblesse de rougir au moment de m’adresser à lui.

« Y a-t-il là quelque nouvelle des clés de miss Verinder ? demanda-t-il.

— Miss Rachel refuse de laisser visiter ses effets.

— Ah ! » fit le sergent.

Il n’était pas tout à fait aussi maître de sa voix que de sa physionomie. Lorsqu’il dit « Ah ! » il prononça ce mot du ton d’un homme qui entend annoncer un fait auquel il s’at-