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Il y a eu ce soir une coïncidence entre le moment du retour de Rosanna, revenant des Sables, et celui où miss Verinder a annoncé sa résolution de quitter la maison. Quelque chose que Rosanna soit allée cacher, il est clair pour moi que votre jeune maîtresse ne pouvait s’absenter avant d’avoir appris que cela était fait. Ces deux personnes doivent par suite avoir déjà communiqué ce soir ensemble ; si elles tentent de reprendre l’entretien, je désire me trouver à même de les en empêcher. Ne me blâmez donc pas de déranger vos combinaisons d’intérieur, monsieur Betteredge, prenez-vous-en au diamant. » Il m’échappa de dire : « Je voudrais pour l’amour de Dieu que le diamant ne fût jamais entré dans la maison ! »

Le sergent Cuff contempla tristement les trois chaises sur lesquelles il se condamnait à passer la nuit, et me dit d’un ton grave :

« Je le souhaiterais aussi. »


CHAPITRE XVII


La nuit se passa sans incident nouveau, et je suis heureux d’avoir à dire qu’aucune tentative de communication entre Rosanna et miss Rachel ne vint récompenser la vigilance du sergent.

Je pensais que ce dernier n’aurait rien eu de plus pressé que de se rendre dès le matin à Frizinghall. Il tarda pourtant, comme s’il eût eu à vaquer avant cela à quelque autre soin.

Je le laissai à ses occupations et j’entrai peu après dans les jardins où je rencontrai M. Franklin, près de sa promenade favorite du taillis.

Avant que nous eussions échangé deux mots, le sergent nous rejoignit inopinément.

Il s’approcha de M. Franklin qui l’accueillit, j’en conviens, d’une manière très-hautaine.

« Avez-vous quelque chose à me dire ? fut la seule réponse