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qu’il reçut en échange du bonjour très-poli qu’il adressait à M. Franklin.

— Oui, monsieur, j’ai à vous parler, répondit le sergent, au sujet de l’enquête que je dirige ici ; vous avez pressenti hier la voie dans laquelle entrait cette enquête ; vous vous en êtes senti tout naturellement blessé et mécontent. Naturellement encore votre colère devant la menace d’un scandale de famille se porte contre moi.

— Enfin, où voulez-vous en venir ? interrompit brusquement M. Franklin.

— Je voudrais vous rappeler, monsieur, qu’en tous cas, vous ne pourriez, jusqu’à présent, me prouver que j’ai eu tort ; cela posé, veuillez bien vous souvenir également que je suis un officier public agissant ici avec la sanction de la maîtresse de la maison. Dans ces conditions, est-ce ou n’est-ce pas votre devoir de bon citoyen de seconder mon mandat, en me communiquant telle information particulière dont vous pourriez être en possession ?

— Je ne possède aucune information particulière, » dit M. Franklin.

Le sergent tint cette réponse pour non avenue et continua :

« Vous pourriez, monsieur, m’épargner la perte de temps qui va être dévolue à une enquête lointaine, si vous vouliez me comprendre et vous expliquer.

— Je ne vous comprends pas, repartit M. Franklin, et n’ai rien à vous dire.

— Une des servantes de la maison (je ne veux nommer personne) vous a parlé hier soir en particulier, monsieur. »

Une fois de plus M. Franklin coupa court aux questions en répondant : « Je n’ai rien à dire. »

Pendant que je les écoutais en silence, je me rappelai tout à coup le mouvement de la porte battante et les basques d’habit que j’avais vues disparaître dans le corridor. Avant que j’eusse interrompu son occupation, le sergent en avait sans doute entendu assez pour s’assurer que Rosanna avait été près de décharger sa conscience en faisant quelque aveu à M. Franklin Blake.

Cette idée venait d’entrer dans ma cervelle quand j’aperçus Rosanna en personne au bout du taillis. Elle était suivie de Pénélope qui cherchait évidemment à la faire rentrer