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aux mains du garçon boucher qui venait d’apporter la viande par la porte de derrière.

Nancy l’avait également entendue demander à cet homme de mettre sa lettre à la poste à Frizinghall ; celui-ci regarda l’adresse, et dit qu’il était bizarre de mettre à la poste de Frizinghall une lettre destinée à un voisinage comme celui de Cobb’s Hole, et cela surtout un samedi, puisqu’elle ne serait ainsi distribuée que le lundi. Rosanna avait répondu que cela lui était indifférent ; elle tenait seulement à être assurée que sa lettre serait mise à la poste.

Le boucher le lui promit et partit. Nancy avait été rappelée à la cuisine, et personne depuis n’avait revu Rosanna Spearman.

— Eh bien ? dis-je, quand nous fûmes seuls.

— Eh bien, il faudra que j’aille à Frizinghall.

— Au sujet de cette lettre, monsieur ?

— Oui, l’indication de la cachette doit se trouver dans cette lettre, et il faut que je voie son adresse à la poste. Si elle est telle que je la soupçonne, je rendrai dès lundi une visite à notre amie, Mrs Yolland. »

J’allai avec le sergent commander la chaise à poney ; mais aux écuries nous apprîmes un fait qui jetait un nouveau jour sur la disparition de cette fille.


CHAPITRE XIX


La nouvelle de la disparition de Rosanna s’était déjà, paraît-il, répandue parmi les domestiques du dehors. Eux aussi prenaient leurs informations ; ils avaient mis la main sur un petit gamin vif et malicieux connu sous le sobriquet de Duffy ; on l’employait parfois à sarcler le jardin ; cet enfant avait vu Rosanna Spearman pendant la dernière demi-heure qui venait de s’écouler. Duffy affirmait qu’elle avait passé par la plantation de sapins ; elle courait, disait-il, plutôt qu’elle ne marchait, dans la direction du rivage.