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ceux-ci pouvait être de créer un rassemblement dans la rue et de profiter de la confusion qui en résulterait pour s’introduire dans la maison.

« En réponse à une question du magistrat, M. Luker déclare n’avoir à fournir que des présomptions morales quant à l’intention de vol, mais il ajoute que les importunités des Indiens et leurs tentatives pour pénétrer chez lui sont des faits positifs. Le magistrat répond que si les Indiens reviennent à la charge, M. Luker a le droit de les traduire devant la cour qui leur appliquera les peines portées par la loi. Quant aux valeurs dont la garde inquiète le plaignant, c’est à lui de veiller de son mieux à leur sûreté ; il serait peut-être prudent de sa part de s’entendre avec la police, dont l’expérience lui suggérerait quelques moyens de précaution, à prendre ; M. Luker remercie Sa Grâce et se retire. »

Un ancien dont j’ai oublié le nom recommande à ses semblables « de considérer en toutes choses la fin. » En me plaçant à ce point de vue, je serais bien embarrassé de mettre une conclusion au bout des pages que je viens d’écrire, si le simple énoncé des faits ne me dispensait de ce soin. Nous avons passé ensemble de surprise en surprise dans cette affaire de la Pierre de Lune, et nous finissons par quelque chose de plus inattendu que tout le reste, savoir, l’accomplissement des trois prédictions du sergent Cuff moins d’une semaine après qu’il me les eut faites.

J’avais entendu parler le lundi des Yolland, ensuite des trois Indiens, enfin le journal m’entretenait du prêteur sur gages, et remarquez encore que, pendant ce temps, miss Rachel était à Londres ; vous voyez que je déduis rigoureusement les faits, même lorsqu’ils sont contraires à mes désirs. Si vous désertez ma cause pour prendre le parti du sergent, si de toutes ces coïncidences vous concluez que miss Rachel s’entend avec M. Luker, et que la Pierre de Lune est en gage chez ce dernier, je ne pourrai vraiment vous donner tort. Je vous ai amenés à ce point de ma narration à travers une parfaite obscurité, et je regrette d’être obligé de vous abandonner ici avec mes meilleurs compliments en vous laissant dans cette même obscurité.

Qu’est-ce qui m’y oblige ? me dira-t-on, et pourquoi ne pas conduire vos lecteurs qui vous ont accompagné jusqu’ici, vers