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d’être ponctuellement de retour à cinq heures, et je partis tout entière à mon œuvre de charité.

Lorsque je n’ai en vue que mes modestes intérêts privés, je me contente de me servir de l’omnibus ; permettez-moi de vous faire observer à quel point l’amitié pour ma tante me dominait, puisque j’allai jusqu’à prendre un cab !

J’arrivai chez moi, je choisis et j’annotai la première série de lectures, puis je revins à Montagu-Square avec mon sac rempli d’une douzaine d’ouvrages dont, j’en suis fermement convaincue, on ne trouverait l’équivalent dans aucune autre littérature d’Europe. Je payai au cocher du cab exactement sa course, et il reçut son argent avec un jurement ; sur quoi je lui tendis immédiatement un traité ; si j’eusse braqué un pistolet chargé sur ce misérable, il n’eût pu avoir l’air plus consterné ; il remonta sur son siège avec une exclamation de fureur et fouetta son cheval. Tout cela se passa en pure perte, je suis heureuse de le dire ! En dépit de lui, le bon grain avait été semé ; j’avais jeté un second traité dans l’intérieur de son cab.

À ma grande satisfaction, le domestique qui m’ouvrit la porte ne se trouva pas être la personne aux bonnets enrubannés : ce fut le valet de pied ; il m’apprit que le docteur était encore auprès de lady Verinder. M. Bruff, lui, venait d’arriver et attendait dans la bibliothèque. On m’y fit entrer aussi.

M. Bruff parut étonné de me voir. C’est l’avoué de la famille, et nous nous étions rencontrés plus d’une fois chez lady Verinder. Je regrette de dire que cet homme avait vieilli et blanchi au service du monde ; dans ses heures de travail, il se montrait le prophète de la Loi et de Mammon, et il eût été aussi capable pendant ses heures de loisir de lire un roman que de déchirer un traité.

« Êtes-vous à demeure ici, miss Clack ? » me demanda-t-il en jetant un coup d’œil sur mon sac de nuit.

Révéler à un pareil homme le précieux contenu de mon sac n’eût été rien moins que provoquer une de ses sorties profanes. Je m’abaissai à son niveau et je lui expliquai ce qui m’appelait dans cette maison.

« Ma tante m’a appris qu’elle désirait signer son testament et elle a eu la bonté de me demander d’être un de ses témoins.