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Page:Collins - La Pierre de lune, 1898, tome 2.djvu/146

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nions ensemble à la ville, lors même qu’elle eût parlé plus tôt, elle n’aurait pas accordé plus de créance à vos dénégations alors qu’elle ne l’a fait aujourd’hui. Il n’y a rien à répondre à cela. Allons, allons, mon cher Franklin ! décidément j’ai mal jugé toute cette affaire, je l’avoue ; mais malgré cela, mon conseil peut encore être bon. Je vous le dis tout franchement, nous perdrons notre temps, et nous nous torturerons l’esprit en pure perte, si nous nous obstinons à remonter à l’origine de cet abominable imbroglio. Laissons une bonne fois de côté les événements qui ont eu lieu l’année dernière à la campagne de lady Verinder, et voyons ce que nous pourrons découvrir dans l’avenir, au lieu de nous acharner à la recherche de ce qui nous a échappé dans le passé.

— Vous oubliez, lui dis-je, que toute cette affaire est dans le passé, au moins pour ce qui me concerne.

— Veuillez répondre à cette question, repartit M. Bruff : le diamant est-il ou n’est-il pas au fond de tous ces soucis ?

— Il y est, bien entendu.

— Très-bien ; qu’a-t-on fait, croyons-nous, de la Pierre de Lune dès son arrivés à Londres ?

— On l’a mise en gage chez M. Luker.

— Nous savons que ce n’est pas vous qui l’avez engagée, mais savons-nous qui c’est ?

— Non.

— Où croyons-nous que se trouve actuellement la Pierre de Lune ?

— Déposée chez les banquiers de M. Luker.

— Parfaitement. Raisonnez maintenant : nous voici déjà au mois de juin ; vers la fin du mois (je ne puis préciser le jour), une année se sera écoulée depuis la remise de la Pierre à M. Luker ; il y a au moins là une grande chance pour que la personne qui l’a engagée soit prête à la dégager à l’expiration de ce délai. Si elle la reprend, M. Luker doit aux termes des conditions stipulées entre lui et son client, retirer lui-même la Pierre des mains de ses banquiers. Puisqu’il en est ainsi, je propose d’établir une surveillance autour de la banque quand le mois touchera à sa fin ; nous découvrirons de la sorte qui recevra le diamant des mains de M. Luker. Me comprenez-vous maintenant ? »