Page:Collins - La Pierre de lune, 1898, tome 2.djvu/202

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grave erreur dans le cours de l’instruction faite au sujet du vol mystérieux de l’année dernière, il regarde comme un devoir (et surtout après la générosité dont il a été l’objet de la part de lady Verinder) de se mettre à la disposition de M. Blake. Mais s’il en est autrement, il lui demande la permission de ne pas quitter sa retraite, où il vit au milieu des joies paisibles de l’horticulture et des agréments de la campagne. Après la lecture de cette lettre, j’ai, sans hésitation, conseillé à M. Blake de communiquer au sergent tout ce qui s’est passé depuis son enquête, et de le laisser tirer ses propres conclusions de l’exposé des faits.

En y songeant de nouveau, j’ai aussi proposé à M. Blake d’inviter le sergent à assister à notre expérience, dans le cas où il arriverait à temps en Angleterre pour se réunir à nous. Il serait un témoin important pour notre cause, et s’il était prouvé que j’avais tort de croire le diamant caché dans la chambre de M. Blake, son avis pourrait encore être fort utile, lorsqu’il s’agirait de prendre de nouvelles mesures qui ne seraient plus de mon ressort. Cette dernière considération a paru influencer M. Blake, et il m’a promis de suivre mon conseil. Au moment où nous entrions dans le sentier qui conduit à la maison, le bruit des coups de marteau nous apprit que le travail des tapissiers était en bonne voie.

Betteredge est venu nous trouver dans la première antichambre, accoutré pour l’occasion d’un bonnet de pêcheur en laine rouge et d’un tablier de serge verte. Aussitôt qu’il m’a aperçu, il a sorti carnet et crayon, et s’est obstiné à prendre note de mes moindres observations. Au reste, de quelque côté que nous tournassions les yeux, nous constations, conformément aux prévisions de M. Blake, que la besogne marchait, exécutée avec autant de célérité que d’intelligence. Mais il restait encore beaucoup à faire, tant dans le hall intérieur que dans la chambre de miss Verinder ; il ne paraissait guère probable que la maison pût être prête avant la fin de la semaine.

Après avoir félicité Betteredge de son activité (il persistait toujours à recueillir chaque parole de moi sur son carnet et à refuser toute attention à M. Blake), après avoir, dis-je, fait compliment à Betteredge, et lui avoir promis de revenir dans un jour ou deux, nous nous disposions à sortir par l’autre côté