klin, s’écria-t-il, tout ce que je saurais dire, c’est que je suis aussi ignorant du fond des choses que l’enfant qui vient de naître ; je ne puis que vous mettre sur la voie : le reste vous regarde. Vous rappelez-vous cette pauvre fille que nous avions ici, Rosanna Spearman ?
— Sans doute.
— Vous avez toujours cru qu’elle désirait vous faire une sorte de confession au sujet de la Pierre de Lune ?
— Je ne pouvais certes m’expliquer autrement son étrange manière d’être.
— Vous pouvez éclaircir ce point quand il vous plaira, monsieur Franklin. »
Ce fut à mon tour de m’arrêter ; je m’efforçai malgré l’obscurité de voir sa figure, et, sous le coup de la première surprise, je lui demandai assez impatiemment ce qu’il voulait dire par là.
« Tout doucement, monsieur, poursuivit Betteredge ; je sais ce que je dis ; Rosanna a laissé à une amie une lettre cachetée et qui vous est adressée.
— Où est cette lettre ?
— Elle est entre les mains de cette amie, à Cobb’s Hole. Lorsque vous étiez chez nous, monsieur, vous avez dû entendre parler de Lucy la Boiteuse, cette fille qui s’appuie sur une béquille ?
— La fille du pêcheur ?
— Elle-même.
— Comment ne m’a-t-on pas fait parvenir la lettre ?
— Lucy a une tête à elle ; elle ne veut pas la remettre en d’autres mains que les vôtres, et vous avez quitté l’Angleterre avant que j’aie pu vous écrire.
— Retournons donc sur nos pas, Betteredge, et allons tout de suite chercher cette lettre.
— Impossible, monsieur, on épargne fort la chandelle sur nos côtes ; il est trop tard, et tout le monde serait couché à Cobb’s Hole.
— Bah, nous pouvons y être en une demi-heure.
— Vous pourriez y être, monsieur Franklin ; et quand vous seriez arrivé, vous trouveriez la porte fermée. »
Il me montra une lumière qui brillait devant nous, et j’entendis en même temps le murmure d’un ruisseau :