Page:Collins - La Pierre de lune, 1898, tome 2.djvu/87

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Voici la ferme, monsieur Franklin ; reposez-vous bien cette nuit, puis soyez assez bon pour venir me trouver demain matin.

— Vous irez avec moi chez le pêcheur ?

— Oui, monsieur.

— De bonne heure ?

— Aussitôt qu’il vous plaira. »

Nous prîmes le sentier qui conduisait à la ferme.


CHAPITRE III


Je n’ai qu’un souvenir confus de ce qui se passa à Hotherstone’s Farm.

Je me rappelle que je trouvai un accueil cordial, un souper monstre qui eût suffi pour nourrir un village entier en Orient, enfin une chambre d’une exquise propreté où tout était à souhait sauf un amollissant lit de plume, reste de la barbarie de nos pères. Je passai une nuit fort agitée, avec consommation incessante d’allumettes. J’éprouvai une immense sensation de bien-être lorsque le jour parut et que je pus me lever.

Il avait été convenu entre Betteredge et moi que j’irais le prendre pour nous rendre ensemble à Cobb’s Hole d’aussi bonne heure que je le voudrais, ce que mon impatience interpréta en allant le trouver dès que je le pus. Sans attendre mon déjeuner à la ferme, je pris une croûte de pain et me mis en route au risque de trouver le bon Betteredge encore au lit. À ma vive satisfaction, je constatai chez lui une impatience égale à la mienne ; il était prêt et m’attendait, sa canne à la main.

« Comment vous portez-vous ce matin, Betteredge ?

— Pas bien, monsieur.

— Je le regrette, et de quoi souffrez-vous donc ?

— Je ressens les atteintes d’une maladie nouvelle, mon-