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même saluait le matin avec gaieté. Il n’était pas jusqu’au sable mouvant qui, brillant comme un mirage doré, ne dissimulât ses sombres abîmes sous un sourire trompeur.

Je n’avais vu aucune journée aussi belle depuis mon retour en Angleterre.

La marée descendit avant que j’eusse achevé mon cigare. Le sable commença à onduler, puis je vis sa surface frémir d’une façon sinistre, comme si quelque esprit de ténèbres eût vécu et se fût agité dans ses profondeurs. Je jetai mon cigare et revins aux roches.

Les instructions écrites m’enjoignaient de suivre la ligne de ma canne couchée à terre, en commençant par le côté qui touchait à la balise.

J’avançai de cette manière jusqu’à moitié du bâton, sans rencontrer autre chose que les pointes des rochers. Mais à un pouce ou deux plus loin, ma patience fut récompensée. Dans une étroite fissure, je rencontrai la chaîne ; j’essayai de la suivre avec ma main dans la direction du sable mouvant. Mais je me sentis arrêté par les herbes marines, qui recouvraient la fissure et y avaient sans doute poussé depuis que Rosanna avait choisi cette fente pour y déposer la chaîne. Il était également impossible d’arracher le varech et de passer ma main à travers. Je marquai donc la place où commençait la chaîne, et j’entrepris d’après une idée à moi d’en retrouver l’autre partie, là où elle devait entrer dans le sable. Mon plan était de sonder sous les roches, en cherchant à retrouver ainsi le passage de la chaîne ; je pris mon bâton à la main et m’agenouillai sur le bord de la Broche du Sud.

Dans cette position, ma figure se trouvait rapprochée de la surface du sable mouvant. Ce contact ébranla mes nerfs, et l’affreux frémissement périodique du sable fit passer devant mes yeux la vision d’une femme morte revenant sur la scène de son suicide et m’aidant dans mes investigations ; je fus saisi d’une terreur inexprimable à l’idée de la voir sortir des profondeurs du gouffre et me désigner l’endroit que je cherchais. Malgré les rayons brûlants du soleil, un frisson glacial parcourut mes membres. J’avoue même que je fermai les yeux, lorsque le bout de ma canne s’enfonça dans le sable.