Page:Collins - Le Secret.djvu/242

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cette lettre est pliée sous un si petit volume… elle est dans une cachette peu susceptible d’être devinée.

— Mais enfin… si elle la trouve ?

— Si elle la trouve, il y aura plus de motifs que jamais pour mettre des milles et des milles entre elle et moi. »

Elle répondait ainsi, les deux mains sur son cœur, et le comprimant comme s’il eût été sur le point d’éclater. Une crispation presque insensible serpenta rapidement sur ses traits ; ses yeux se fermèrent, tout son visage se couvrit d’une rougeur intense, et, immédiatement après, redevint d’une pâleur extrême. À plusieurs reprises, sur son front où perlait une sueur abondante, elle passa un mouchoir qu’elle venait de tirer de sa poche. Le vieillard qui, voyant sa nièce faire halte, s’était imaginé qu’elle avait aperçu quelqu’un derrière eux, et venait de regarder dans cette direction, se rendit compte de ce dernier mouvement, et lui demanda si elle avait trop chaud. Elle secoua la tête, et reprit son bras pour continuer à marcher ; mais elle respirait péniblement, du moins à ce qu’il imagina. En conséquence il lui proposa de s’asseoir au bord du chemin pour se reposer un peu ; mais elle répondit simplement : « Pas encore ! » Ils marchèrent une demi-heure de plus ; alors ils regardèrent de nouveau derrière eux, et de nouveau ne voyant personne, ils s’assirent sur un banc au bord de la route, pour reprendre quelques forces.

Après deux autres haltes, ils arrivèrent à l’extrémité du chemin de traverse. Sur la grande route où il les avait conduits, ils furent rejoints par un charretier qui s’en revenait à vide, et qui leur offrit de les prendre « à bord » jusqu’à la ville prochaine. Il acceptèrent avec reconnaissance, et, après une demi-heure de voyage, arrivés à destination, se firent descendre devant le principal hôtel. Informés là qu’il était trop tard pour prendre la diligence, ils louèrent une voiture qui les conduisit à Truro, où ils arrivèrent assez tard dans la soirée. Pendant tout ce voyage, depuis qu’ils avaient quitté le chef-lieu du district jusqu’au moment où, selon le désir manifesté par Sarah, on les descendit devant le bureau des diligences de Truro, ils n’avaient rien vu qui pût leur donner le moindre soupçon d’être suivis ou espionnés ; pas une des personnes qu’ils avaient vues dans les endroits habités, ou de celles qu’ils avaient rencontrées sur les routes, n’avait semblé prendre à eux plus d’intérêt que n’en inspire toute espèce de voyageurs.

Il était cinq heures du soir quand ils entrèrent dans le bu-