reau des diligences pour s’informer des moyens de se rendre du côté d’Exeter. On leur répondit qu’une voiture partirait à une heure de là, et qu’une autre traverserait Truro le lendemain dès huit heures du matin.
« Vous ne partirez certainement pas ce soir ? dit l’oncle Joseph avec l’accent de la prière… Vous attendrez bien jusqu’à demain pour vous reposer auprès de moi ?
— Je ferai bien mieux de partir, cher oncle, pendant qu’il me reste un peu de courage. »
Telle fut la triste réponse de Sarah.
« Mais vous êtes si pâle, si fatiguée, si faible…
— Je ne serai jamais plus forte que je ne suis maintenant. Tenez, ne mettez pas mon cœur de moitié dans vos instances !… Il est déjà bien assez dur, sans cela, de vous quitter. »
L’oncle Joseph soupira et n’ouvrit plus la bouche. Sa nièce le suivit, de rue en rue, jusqu’à son modeste domicile. Le joyeux ouvrier, toujours derrière le comptoir, polissait un morceau de bois, absolument dans la même attitude où Sarah l’avait vu en arrivant à Truro, et lorsqu’elle jetait son premier regard dans le magasin de son oncle. Cet honnête travailleur avait de bonnes nouvelles : l’ouvrage allait bien, les commandes arrivaient ; mais l’oncle Joseph écoutait d’un air distrait le compte rendu de son employé, et celui-ci le vit se diriger vers le petit salon du fond sans que le moindre reflet du sourire habituel eût déridé cette candide physionomie. « Pourquoi ai-je un magasin ? Pourquoi toutes ces commandes ? Tout cela m’empêche de partir avec vous, dit-il à Sarah quand ils se retrouvèrent seuls… Ah ! vraiment, de tout ce voyage, il n’y a eu de bon que le départ… Asseyez-vous, mon enfant, et reposez-vous… Il faut bien que je tâche de prendre mon parti, et je vais vous faire du thé. »
Lorsque le plateau fut sur la table, il quitta l’appartement, et y revint, après une courte absence, un panier à la main. Quand le porteur de la diligence vint chercher les bagages, il ne laissa pas comprendre le panier parmi les objets que cet homme enlevait ; mais il le déposa entre ses jambes et l’y garda précieusement, tandis qu’il versait le thé dans la tasse de sa nièce.
La boîte à musique pendait encore, à côté de lui, dans son enveloppe de cuir. Dès que le thé fut versé, il déboucla la courroie, enleva la chemise, et posa la boîte sur la table, à portée de sa main. Ses regards hésitants erraient du côté de Sarah, tandis qu’il exécutait cette petite manœuvre. Il se