Page:Collins - Le Secret.djvu/284

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chambre aux Myrtes… Ne pourrait-il pas arriver que ce secret, concernant mon père ou ma mère, fût quelque chose que nous devrions ignorer toujours ?… C’est à quoi j’ai pensé quand mistress Pentreath m’a proposé de venir avec nous… et c’est pourquoi j’ai voulu n’avoir que vous avec moi.

— Il est tout aussi probable que le Secret porte sur quelque chose que nous pouvons savoir, répondit M. Frankland, après un moment de réflexion… En somme, d’ailleurs, l’idée que j’ai pu avoir sur le compte de mistress Jazeph n’est qu’une conjecture fort hasardée… Cependant, Rosamond, pour peu que vous sentiez en vous la moindre hésitation…

— Non… Advienne que pourra, Lenny, nous ne pouvons plus reculer désormais… Rendez-moi votre main… Nous avons marché jusqu’ici ensemble à la recherche de ce mystère… C’est ensemble que nous l’éclaircirons. »

Elle montait l’escalier tout en parlant, et le menait après elle sur le palier ; elle étudia de nouveau le plan, et s’assura que l’idée qu’elle s’était faite, d’après ce document, sur l’emplacement de la chambre aux Myrtes, n’avait rien que de très-exact. Elle compta les portes jusqu’à la quatrième, prit dans le paquet des clefs celle qui portait le n° 4, et l’introduisit dans la serrure.

Avant de la tourner, elle s’arrêta, et de côté jeta un regard vers son mari.

Debout près d’elle, il tenait dans la direction de la porte, attentive et résignée, sa calme figure. Elle posa sur la clef sa main droite, la tourna lentement dans la serrure, rapprocha d’elle, de la main gauche, le bras de son mari, et encore une fois s’arrêta.

« Je ne sais vraiment ce qui m’arrive, murmurait-elle d’une voix affaiblie… J’ai presque peur de pousser cette porte.

— Votre main est glacée, Rosamond !… Attendons un peu !… Refermez cette porte !… Ajournons à un autre moment… »

Pendant qu’il prononçait ces paroles, il sentait, sur sa main, les doigts de sa femme se contracter de plus en plus. Ensuite il y eut un instant, un seul, dont le souvenir ne devait plus le quitter, un instant où ils ne respiraient plus, un instant de silence absolu… Puis il entendit le bruit aigu et criard d’une porte qui s’ouvre sur des gonds rouillés… il sentit qu’on l’entraînait en avant dans une atmosphère nouvelle, et comprit que Rosamond et lui se trouvaient maintenant dans la chambre aux Myrtes.