Page:Collins - Le Secret.djvu/312

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— L’écriture de qui ?

— L’écriture de feu mistress Treverton !

— De votre mère ?

— De feu mistress Treverton.

— Bon Dieu, Rosamond !… que signifie cette manière de parler d’elle ?

— Laissez-moi lire, et vous le saurez. J’aime mieux lire tout haut que d’avoir à m’expliquer. Vous avez vu par mes yeux la chambre aux Myrtes… Vous avez vu par mes yeux tous les objets qu’a mis en lumière la recherche que nous y faisions ensemble. Vous verrez, toujours par mes yeux, ce que renferme cette lettre. C’est le Secret de la chambre aux Myrtes. »

Se penchant sur l’écriture ternie et comme effacée, elle lut ces mots :

« À mon mari.

« Nous sommes pour jamais séparés, Arthur, et je n’ai pas eu le courage de rendre nos adieux plus amers, en vous avouant que je vous ai trompé… trompé d’une manière avilissante pour moi, cruelle pour vous… Quelques moments à peine se sont écoulés depuis que vous étiez là, pleurant à mon chevet, et me parlant de notre enfant. Cher époux offensé, cette petite fille, tant aimée de vous, n’est pas à vous, elle n’est pas à moi… C’est une enfant dont la naissance est illégitime, et que je vous ai fait croire mienne, que je vous ai donnée comme telle. Son père était un des mineurs de Porthgenna ; sa mère est ma suivante : Sarah Leeson. »

Rosamond s’arrêta, mais ne releva pas la tête. Elle entendit son mari poser la main sur la table. Elle l’entendit se lever. Elle l’entendit attirer l’air, dans ses poumons oppressés, par une pénible aspiration. Elle l’entendit, l’instant d’après, répéter à voix basse : « Illégitime ! » Ce mot lui arriva net, distinct, terrible. L’accent de cette exclamation involontaire lui donna le frisson ; mais elle ne bougea pas, car elle avait à lire encore… et, tant que sa lecture n’était pas achevée, eût-il dû lui en coûter la vie, elle n’aurait pas levé les yeux.

Un moment après, elle continua, et lut les lignes suivantes :

« J’ai à répondre de plus d’un lourd péché. Celui-ci, cependant, vous me le pardonnerez, Arthur, car je l’ai commis