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Page:Collins - Le Secret.djvu/319

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blions pas, cependant, qu’il nous reste encore de pénibles épreuves à supporter.

— De pénibles épreuves ?… Quelles épreuves, mon bon ami ?

— Peut-être penserez-vous que je m’exagère le courage qu’il va falloir déployer en face d’un tel sacrifice… Pour moi, cependant, ce sacrifice sera pénible… Il me sera dur d’initier des étrangers au Secret que la journée d’hier nous a révélé. »

Rosamond, dans le plus grand étonnement, regarda son mari :

« Quelle nécessité de le révéler à personne ? demanda-t-elle.

— Une fois assurés que cette lettre est un document authentique, répondit-il, nous ne pouvons faire autrement que d’admettre des personnes étrangères à la connaissance du Secret… Vous n’avez pu oublier dans quelles circonstances votre père… je veux dire le capitaine Treverton…

— Appelez-le mon père, dit Rosamond avec tristesse. Rappelez-vous comme il m’aimait… comme je l’aimais moi-même… et dites toujours « mon père. »

— Je crains bien, repartit Léonard, qu’il ne me faille désormais l’appeler « le capitaine Treverton. » Sans cela, comment vous expliquer clairement, et d’une manière précise, ce qu’il est indispensable que vous sachiez ?… Le capitaine Treverton est décédé sans laisser de testament… Son seul avoir consistait dans la somme qu’il avait retirée de ce domaine et de ce château, vendus à mon père… Et vous en avez hérité comme sa plus proche parente… »

Rosamond se rejeta vivement en arrière, et, dans le désarroi où la jetait ce nouvel aspect des choses, serra ses mains l’une contre l’autre :

« Ah ! Lenny, dit-elle avec une grande simplicité d’accent, depuis cette lettre trouvée, j’ai tant pensé à vous que je ne me suis pas un instant rappelé ceci.

— Il ne faut pourtant pas l’oublier, ma chère enfant. Si vous n’êtes point la fille du capitaine Treverton, vous n’avez pas droit à un farthing de la fortune que vous possédez. Il faut immédiatement la restituer à la personne qui est, elle, la plus proche par le sang, ou, en d’autres termes, au frère du capitaine.

— À cet homme ? s’écria Rosamond. À cet homme qui pour nous est resté un étranger ? qui méprise jusqu’à notre nom ? Faut-il donc que nous nous appauvrissions pour l’enrichir, lui ?

— Il faut faire ce qui est honorable et juste, quelque sacri-