Page:Collins - Le Secret.djvu/320

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fice qu’il en coûte de nos intérêts et de nos penchants, repartit Léonard avec une fermeté calme. Je crois, Rosamond, que, d’après la loi, le consentement de votre mari est absolument requis pour que cette restitution puisse avoir lieu. Eh bien ! si M. Andrew Treverton était le pire ennemi que je puisse avoir ici-bas… si la restitution qu’il faut lui faire devait nous priver, vous et moi, de nos dernières ressources… je la ferais, sans hésiter, et sans retenir un farthing… Et ce que je ferais là, vous-même le feriez aussi, Rosamond. »

Tandis qu’il parlait, ses joues s’étaient animées. Un sang généreux y affluait. Rosamond le contemplait avec une admiration silencieuse. « Le pourrait-on vouloir moins orgueilleux, pensait-elle dans une effusion de tendresse, quand son orgueil lui dicte de si nobles paroles ?

— Vous comprenez bien, maintenant, continua Léonard, que les devoirs nouveaux dont l’accomplissement nous incombe vont nous forcer à requérir l’aide et le conseil d’autrui, et qu’ils nous rendront impossible, dès lors, la stricte conservation du Secret par devers nous. Dussions-nous fouiller l’Angleterre tout entière, il faut que Sarah Leeson se retrouve. Notre conduite future dépend de ses réponses à nos questions, et du témoignage qu’elle pourra rendre à l’authenticité de cette lettre. Bien résolu d’avance à ne me retrancher derrière aucune équivoque légale, aucun ajournement de pure forme, et quoique je ne demande, en fait de preuves, que celles qui sont concluantes pour la raison d’un honnête homme, sans exiger qu’elles aient tous les caractères de validité réclamés par les tribunaux, encore m’est-il impossible de marcher en avant sans prendre conseil. L’avocat qui a toujours mené les affaires du capitaine Treverton, et qui est maintenant à la tête des nôtres, se trouve naturellement désigné pour diriger cette espèce d’enquête, et c’est lui qui nous aidera, s’il y a lieu, à opérer la restitution.

— Comme vous parlez de tout ceci avec calme, avec fermeté, Lenny !… Est-ce que l’abandon de la fortune qui me revenait ne sera pas pour nous une perte énorme ?…

— Il n’y faut songer que comme à un gain pour nos consciences, Rosamond, et conformer ensuite nos façons de vivre à notre aisance diminuée. Mais il n’est plus besoin de parler de tout ceci, jusqu’au moment où la nécessité d’une restitution nous sera complètement démontrée. Ce dont il faut, vous et moi, nous inquiéter immédiatement, c’est de découvrir Sarah