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Page:Collins - Le Secret.djvu/337

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que sa maîtresse aurait voulu, la même personne n’ayant pas osé d’ailleurs, après la mort de mistress Treverton, essayer de mettre à profit ce qu’elle savait être une imposture. Cette hypothèse expliquait non-seulement la lettre écrite, mais aussi la lettre cachée. M. Nixon faisait de plus remarquer, par rapport à mistress Jazeph, que n’importe quelle attestation donnée par elle, serait, au point de vue légal, dépourvue de toute valeur, par la difficulté, l’impossibilité, disait-il, d’identifier d’une manière satisfaisante l’enfant dont il était question dans la lettre, avec la personne à laquelle il avait l’honneur de s’adresser en ce moment comme à la femme de son jeune ami M. Frankland, personne en possession d’un état civil inattaquable, et qu’aucun document irrégulier ne lui pourrait jamais faire envisager comme n’étant pas la fille du capitaine Treverton, son vieil ami et client.

Après avoir suivi jusqu’au bout les savantes objections de l’homme de loi, Léonard admit sans peine tout ce qu’elles avaient d’ingénieux et de spécieux ; mais il fut obligé de constater, en même temps, qu’elles n’avaient modifié en rien ses impressions au sujet de la lettre, ni ses convictions relativement aux devoirs que la découverte de ce document pouvait lui donner à remplir. Avant de prendre un parti décisif, il attendrait, disait-il, le témoignage de mistress Jazeph ; mais si ce témoignage était de telle nature, et lui était fourni de telle façon qu’il cessât de croire aux droits de sa femme sur la fortune dont elle était détentrice, il restituerait immédiatement cette fortune à son légitime propriétaire, M. Andrew Treverton.

M. Nixon vit bien que tous les raisonnements, toutes les inductions dont il pourrait se servir, n’ébranleraient pas la résolution de M. Frankland, et qu’il ne fallait pas espérer, s’adressant séparément à Rosamond, qu’elle usât de son influence pour modifier, dans ce qu’elles avaient d’absolu, les déterminations de son mari ; bien convaincu de plus, d’après ce qu’il venait d’entendre, que M. Frankland, s’il rencontrait de nouvelles objections, ou bien se déciderait à chercher un représentant plus docile, ou pourrait commettre quelque erreur fâcheuse en procédant lui-même à la restitution projetée, l’avoué finit par consentir, non sans faire ses réserves, à servir d’intermédiaire, si besoin était, entre son client et Andrew Treverton. Il écouta avec une résignation polie le court exposé que lui fit Léonard des questions qu’il entendait adresser