Page:Collins - Le Secret.djvu/338

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à mistress Jazeph ; et, quand vint son temps de parler, se livrant le moins possible à ses inspirations sarcastiques, il dit simplement qu’au point de vue moral ces questions étaient vraiment excellentes : les réponses, ajoutait-il, seraient sans doute remplies d’intérêt au point de vue romanesque. « Cependant, continua l’avoué, comme déjà vous êtes père, monsieur Frankland, et comme il est fort possible (excusez cette allusion aux promesses de l’avenir) que vous le deveniez encore plus d’une fois ; comme vos enfants, devenus grands, pourront entendre parler de la fortune de leur mère, perdue pour eux, et désirer quelques explications touchant ce sacrifice héroïque ; il me semblerait à propos, non pas en vue d’un procès quelconque, mais dans un simple intérêt de famille, que vous obtinssiez de mistress Jazeph, outre sa déclaration verbale (contre l’admissibilité de laquelle je ne cesse pas de protester), un témoignage écrit, qu’à votre mort vous laisseriez derrière vous, et qui pourra servir à vous justifier aux yeux de vos enfants, si jamais pareille justification devenait nécessaire. »

Le conseil était trop évidemment bon pour être négligé. Sur la demande expresse de Léonard, M. Nixon, séance tenante, dressa une formule de déclaration, affirmant l’authenticité de la lettre adressée par feu mistress Treverton, sur son lit de mort, à son mari, depuis lors également décédé, et attestant la sincérité des assertions contenues en cette lettre, tant pour ce qui concernait la fraude employée à l’encontre du capitaine Treverton, que pour ce qui avait rapport à la véritable origine de l’enfant introduit, par suite de cette fraude, dans une famille étrangère. Prévenant M. Frankland qu’il aurait à faire confirmer, par la signature de deux témoins, celle que mistress Jazeph serait requise d’apposer au bas de ce document, M. Nixon tendit le papier à Rosamond pour qu’elle en donnât lecture à son mari. Puis, comme aucune objection n’était faite à la teneur de cet écrit, et comme sa présence désormais ne semblait plus devoir être utile, l’avoué se leva pour prendre congé. Léonard lui promit de lui écrire, et dès le jour même, s’il survenait quelque nouvel incident ; alors l’homme de loi se retira, protestant de nouveau contre l’irrégularité légale d’une pareille marche, et jurant, de plus, que jamais, dans le cours de son long exercice, il n’avait encore rencontré un client aussi obstiné.

Après son départ, il s’était écoulé plus d’une heure, et aucun nouveau visiteur n’avait paru. À ce moment, un bruit de pas