Page:Collins - Le Secret.djvu/340

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adressées à S. J., poste restante, au bureau voisin. Sur quoi, la femme âgée, du ton le plus aigre, lui avait déclaré que dans sa maison on n’avait affaire ni aux gens anonymes ni à leurs amis ; ce disant, elle lui avait jeté la porte au nez. En conséquence, il était retourné chez son ami, le boulanger allemand, pour lui demander conseil. Le conseil donné par ce brave homme fut qu’il fallait revenir à la charge, demander la domestique chargée du service des locataires, lui donner le signalement de sa nièce, et, pour se faire mieux comprendre d’elle, lui glisser dans la main, tout en parlant, une demi-couronne. Il avait suivi de point en point toutes ces indications, et avait ainsi découvert que sa nièce, bien réellement logée dans cette maison, y était malade, au lit, sous le nom de « mistress James. » Quelques mots persuasifs (après le cadeau de la demi-couronne) avaient déterminé la domestique à le conduire en haut et à transmettre son nom. Après quoi tous les obstacles s’étaient trouvés aplanis, et il avait été introduit dans la chambre occupée par sa nièce.

Dès qu’il la vit, il fut frappé, ébranlé, au delà de toute expression, par la violente agitation nerveuse dont elle donnait les signes, tandis qu’il approchait de son lit. Il ne perdit cependant ni le courage ni l’espérance, jusqu’au moment où, ayant transmis le message de mistress Frankland, il vit que ce talisman n’opérait pas, comme il l’avait cru, un retour soudain de calme et de sérénité. Au lieu d’apaiser la pauvre malade, il parut, au contraire, la surexciter davantage et lui causer de nouvelles alarmes. Après lui avoir adressé une multitude de questions sur la physionomie de mistress Frankland, sa façon d’être vis-à-vis de lui, les paroles que, bien exactement, elle avait dites (toutes questions auxquelles il avait pu répondre d’une manière plus ou moins satisfaisante au gré de celle qui les lui adressait), elle lui en fit deux qui l’avaient mis à bout de réplique. La première fut : Mistress Frankland vous a-t-elle dit quoi que ce soit du Secret ? La seconde : Dans les paroles de mistress Frankland s’en est-il, par hasard, trouvé quelqu’une d’où vous ayez pu induire qu’elle ait découvert où est située la chambre aux Myrtes ?

Le médecin était survenu, ajouta le bon vieillard, tandis qu’il se trouvait encore au chevet de sa nièce, alors que vainement il essayait de lui faire accepter les bonnes assurances de mistress Frankland comme une réponse très-suffisante aux questions qui la préoccupaient encore, et sur lesquelles il n’avait